25 décembre 2009

Le nain de neige

"Réveillon -
Seul, dans le fond de la cour,
Le bonhomme de neige."
Jocelyne Villeneuve

 
Merci à mon frère Marc pour ce haïku bien de saison. Il n'est pas anodin dans le cas présent d'apprendre que celle qui le rédigea, bibliothécaire de profession s'est mise à l'écriture après un accident de voiture qui la laissa tétraplégique et contrainte à l'intermédiaire bienveillant des mains de ses proches pour jeter sa pensée sur papier. Oeuvre sensible, dans laquelle la symbolique des mots fait référence au vécu de l'auteure en permanence, telle dans ce simple 
"Pique-nique. La fourmi
sur la nappe quadrillée disparaît
dans un carreau noir."
Ce matin de Noël, la neige a fondu dans notre minuscule jardin de ville, et ce qui pouvait passer hier pour un bonhomme de neige est redevenu un nain de jardin dégoulinant de pluie. Il faut peu de chose pour passer d'un aspect de la réalité à un autre, du carreau blanc au carreau noir de la table quadrillée, d'une existence sans souci à la difficulté d'être. Un message posté sur mon répondeur hier soir à 20 heures sollicite une prescription non-urgente et me souhaite de bonnes fêtes. En d'autres temps, plus jeune, j'aurais morigéné l'impétrante soulignant le moment inapproprié. La connaissant mieux, et percevant davantage ce que la solitude peut peser un soir de fêtes, je trouve l'appel plutôt touchant, et lui retéléphonerai ce matin. Je tente d'imaginer les proches et familiers qui découvrent la beauté simple de "ce bonhomme de neige seul au fond de la cour" de Jocelyne Villeneuve, les uns dans le bonheur, les autres en difficulté: que la fête Noël vous soit douce. 
CV. 

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