03 février 2019

Médecine d'ici, et de là



 "Il existe des moments inoubliables,
des choses inexplicables
et des personnes incomparables."
        Fernando Pessoa



Profitant d'un court séjour dans la famille de nos enfants Benoît et Aline (et leurs enfants) à Dakkar, nous avons eu la chance de partager durant quelques jours le quotidien du Centre de santé de Malem Hodar situé à cinq heures de route de la capitale sénégalaise, dans une steppe dépourvue de toute richesse naturelle, avec accès aléatoire à l'électricité, à l'eau et aux soins de santé. La manière dont ces populations se prennent en charge dans le dénuement et la dignité est impressionnante, tout comme l'est la qualité d'un corps médical et infirmier ne disposant que de ressources fort limitées. On ne sort pas indemnes de ce genre de rencontre, interpellés par un certain nombre de lueurs d'avenir et la rencontre de belles personnes, d'une chaleur humaine et d'un désintéressement communicatifs, même s'il faut se garder de tout angélisme: la pauvreté reste un esclavage. Un soir j'ai été amené à donner un avis - bien mal outillé - pour un enfant d'un an présentant un retard de développement impressionnant, sans qu'aucun diagnostic neuropédiatrique n'ait jamais pu être posé. Absence de diagnostic signifiant absence de traitement et surtout absence de pronostic de développement ultérieur. On se sent bien petit confronté à ces limites, et perplexe devant la quantité d'examens techniques prescrits lors de la plus banale de nos consultations. Rien n'est à aimer ou à rejeter d'un bloc, mais se confronter à pareils contrastes est un exercice qui nous fait quitter notre zone de confort.
 



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