18 février 2016

Poésie de la pensée


"Quand nous nous reverrons
les lilas blancs refleuriront
je t'envelopperai dans mes coussins,
tu ne manqueras plus de rien.
Nous nous réjouirons
que le vin âpre et sec
que les tilleuls qui sentent bon
nous trouvent encore l'un près de l'autre.
Quand les feuilles tomberont
nous nous séparerons
à quoi bon nous agiter
il nous faudra l'endurer."
           Hannah Arendt

Celle qui fut une des grandes philosophes du XXème siècle gardait à l'abri des regards quelques feuillets rédigés de sa main d'une grande poésie. Hantée par la banalité du Mal découverte lors du procès d'Eichmann qu'elle suivit en tant qu'envoyée spéciale du New Yorker, elle n'a cessé d'aligner en même temps des lignes émouvantes sur l’amour, l’identité, la révolte, la perte, ses amitiés. Sur nous.


Lu dans:
Hannah Arendt. Heureux celui qui n'a pas de patrie. Poèmes de pensée. Rassemblés par Karin Biro. Payot. 240 pages. 2015. Extrait p.23

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