07 février 2011

Le temps qui nous leste

"Je cherche surtout la légèreté, le temps vous leste si vite."
Andrée Chedid
Andrée Chedid s'est éteinte. Entre l'Egypte de sa jeunesse, le Liban de ses aïeux et la France de ses toujours, une sorte d'alliance très libre s'était peu à peu fait jour, par dépouillements successifs. Le prix à payer à cette liberté fut le renoncement à toute certitude, à toute appartenance, aux "déterminations ordinaires liées un dessein final, passion terrible des hommes pour les vérités intangibles, et auxquelles ils sacrifient tout. Au contraire, j'aime le mystère de la condition humaine." De son appartement de bord de Seine, au 14e étage d'une tour de verre et de béton, elle rêvait à cet autre fleuve - le Nil - qui ne s'arrête pour personne et qui continue sa route. A l'âge de 90 ans, aurait-elle mis un terme à sa navigation et rejoint par-delà les siècles Nefertiti dont elle a raconté la vie et qui dans le secret de sa pyramide avait conçu une cité idéale? Cela demeurera son mystère.

Lu dans :
Jean-Louis Ezine. Andrée Chedid, romancière déchirée.le Nouvel Observateur" du 28 décembre 2000.
Andrée Chedid. Nefertiti et le rêve d'Akhenaton , Les mémoires d'un scribe. Flammarion. 1993. 224 pages

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