28 décembre 2025

Bruxelles ma belle

 

" Bruxelles, ma belle, je te rejoins bientôt
aussitôt que Paris me trahit
et je sens que son amour aigrit, et puis
elle me soupçonne d′être avec toi, le soir.
Bruxelles, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive
Paris, je te laisse mon lit " 
                            Dick Annegarn


Chaque année, le retour des fêtes suscite en moi une émotion particulière. Pensif en observant tant de solitudes, la "fête de famille" exacerbant les blessures et les absences: Noël est une fête où on se compte. Comment "faire famille" dans un monde devenu aussi hétéroclite?  Mais pensif n'est pas triste. Plus que jamais, je demeure émerveillé par ces hommes, ces femmes, ces familles qui, malgré leurs difficultés, persistent à vouloir célébrer un peu de fête au cœur de leurs fragilités et à croire qu’un moment  partagé, des illuminations, un cadeau maladroit participent encore à tenir le monde debout.  

Sacrifiant hier à la traditionnelle sortie aux Plaisirs d'Hiver qui animent le centre ville, jamais Bruxelles ne me parut si belle, et oserais-je?, si humaine. Une pause musicale dans l'espace  réservé à l'association Tisse-Reines, conforte ce sentiment d'appartenance à une ville parfois meurtrie mais chaleureuse, dont l'extrême diversité préfigure la réalité du monde de demain. "La laine contre la haine", projet artistique et solidaire, utilise le tricot et le crochet pour créer du lien social en transformant des carrés de laine en couvertures, tipis et housses bariolées pour en faire des symboles de solidarité et de bien-être. La laine, ce fil conducteur des histoires, le tissage des fils et les mailles, ce symbole de solidarité face à l'isolement et à la violence. 

Déanbulant au sein des ruelles enchevêtrées, admiratif une fois de plus du spectacle qu'offre notre grand-place, nous faufilant dans la foule attirée par une crêche repensée et actualisée, on se laisse ensorceler par l'extrême variété des produits et des personnes un moment rassemblés. Revenant en métro, bondé, dans la minute une jeune fille nous cède sa place, avec une gentillesse touchante qui ne nous étonne plus: c'est la coutume dans ce secteur pourtant si décrié de la capitale. Sentiment étrange, incompréhensible pour beaucoup, il n'est d'endroits où je me sente autant "chez moi", et en sécurité, que dans ce patchwork de cultures qu'est devenu notre  ville. 


Lu dans: 

  • Dick Annegarn. Bruxelles. 1974. © Warner Chappell Music France. Chanson reprise par Alain Bashung, et bien plus tard (2018) par Angèle qui fut révélée grpace à elle. À la suite des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, la chanson est devenue en 24 heures un hymne, notamment grâce aux réseaux sociaux et à sa reprise par le chanteur Daan Stuyven le 22 mai 2016 lors de la cérémonie d'hommage aux victimes.
  • Tisse-Reines, La laine contre la haine. https://www.plaisirsdhiver.be/baratricot

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