" Bruxelles, ma belle, je te rejoins bientôt
aussitôt que Paris me trahit
et je sens que son amour aigrit, et puis
elle me soupçonne d′être avec toi, le soir.
Bruxelles, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive
Paris, je te laisse mon lit "
Dick Annegarn
Chaque année, le retour des fêtes suscite en moi une émotion
particulière. Pensif en observant tant de solitudes, la "fête de
famille" exacerbant les blessures et les absences: Noël est une
fête où on se compte. Comment "faire famille" dans un monde devenu
aussi hétéroclite? Mais pensif n'est pas triste. Plus que jamais,
je demeure émerveillé par ces hommes, ces femmes, ces familles
qui, malgré leurs difficultés, persistent à vouloir célébrer un
peu de fête au cœur de leurs fragilités et à croire qu’un moment
partagé, des illuminations, un cadeau maladroit participent encore
à tenir le monde debout.
Sacrifiant hier à la traditionnelle sortie
aux Plaisirs d'Hiver qui animent le centre ville, jamais Bruxelles
ne me parut si belle, et oserais-je?, si humaine. Une pause
musicale dans l'espace réservé à l'association Tisse-Reines,
conforte ce sentiment d'appartenance à une ville parfois meurtrie
mais chaleureuse, dont l'extrême diversité préfigure la réalité du
monde de demain. "La laine contre la haine", projet artistique et
solidaire, utilise le tricot et le crochet pour créer du lien
social en transformant des carrés de laine en couvertures, tipis
et housses bariolées pour en faire des symboles de solidarité et
de bien-être. La laine, ce fil conducteur des histoires, le
tissage des fils et les mailles, ce symbole de solidarité face à
l'isolement et à la violence.
Déanbulant au sein des ruelles
enchevêtrées, admiratif une fois de plus du spectacle qu'offre
notre grand-place, nous faufilant dans la foule attirée par une
crêche repensée et actualisée, on se laisse ensorceler par
l'extrême variété des produits et des personnes un moment
rassemblés. Revenant en métro, bondé, dans la minute une jeune
fille nous cède sa place, avec une gentillesse touchante qui ne
nous étonne plus: c'est la coutume dans ce secteur pourtant si
décrié de la capitale. Sentiment étrange, incompréhensible pour
beaucoup, il n'est d'endroits où je me sente autant "chez moi", et
en sécurité, que dans ce patchwork de cultures qu'est devenu
notre ville.
Lu dans:
- Dick Annegarn. Bruxelles. 1974. © Warner Chappell Music France. Chanson reprise par Alain Bashung, et bien plus tard (2018) par Angèle qui fut révélée grpace à elle. À la suite des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, la chanson est devenue en 24 heures un hymne, notamment grâce aux réseaux sociaux et à sa reprise par le chanteur Daan Stuyven le 22 mai 2016 lors de la cérémonie d'hommage aux victimes.
- Tisse-Reines, La laine contre la haine. https://www.plaisirsdhiver.be/baratricot
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