24 juin 2021

La pourriture noble

 

"Je me méfie de quelqu'un dont on dit: « Tout le passionne. » Moi aussi, avant mon enlèvement, je me passionnais pour tout. Je crois avoir perdu cette versatilité. Aujourd'hui, je me sens apaisé, pacifié de l'intérieur. Les choses m'apparaissent plus clairement qu'avant. J'ai perdu le goût du détail."
                Jean-Paul Kauffmann



Grand reporter à L'Événement du jeudi, Jean-Paul Kauffmann est enlevé à Beyrouth avec Michel Seurat le 22 mai 1985. Après presque trois ans de détention, il est libéré avec d'autres otages. Michel Seurat est mort durant sa captivité8 en 1986. À l'occasion de cet enlèvement, Jean-Paul Kauffman vit la traumatisante expérience de voyager, en plusieurs occasions, enroulé dans un tapis d'Orient où l'asphyxie l'amenait jusqu'à perdre connaissance, ce qui le mène à approfondir sa réflexion et marque fortement sa vie. Auteur atypique, il développe une œuvre originale, centrée sur la solitude non-choisie et la sensation d'abandon, sans jamais évoquer son expérience personnelle d'otage. Œnophile averti et amateur éclairé de cigares, il se reconstruit au retour de captivité au contact d'amis viticulteurs, partageant leur passion et leurs soucis durant plusieurs mois, développant une réflexion originale sur l'excellence et le goût retrouvé pour la vie dans La Morale d'Yquem, consacré au célèbre vin liquoreux aux arômes magnifiés par la "pourriture noble". Tout un programme quant on connaît le parcours de l'écrivain journaliste.




Lu dans:
in Annick Pinel . La maladie. Textes non bibliques pour réfléchir, méditer, célébrer. Les Editions de l'atelier. 1995. 112 pages. Extrait p.15

23 juin 2021

Ce qu'on devient

 

"Le plus maigre souffle mérite le respect."
            Philippe Devuyst



Incroyablement vieux, tordu comme un vieux cep, le souffle tellement court qu'il s'arrête tous les cinq mètres et que traverser la rue est une mi-temps de Coupe d'Europe. Il fut pourtant un sportif d'excellence, un conducteur de chantier apprécié, un père de famille comblé. Le temps qui passe nous confronte à notre propre image, et nous apprend la modestie.


Lu dans:
Philippe Devuyst. Douceur, violence. 2019 . Autoédition. philippe.devuyst@skynet.be

Sagesse de Liliane Wouters

 

"Sois attentive, tu me sentiras
Dans chaque goutte d’eau
Dans le moindre rai de lumière
Dans le vent qui caressera
Ton front, sois attentive
Je serai là, toujours, tu le sauras. »
            Liliane Wouters


Bien sûr on pense à une épitaphe, quoique. On peut y voir tout autant une allusion à la présence dans l'absence, quand dégagés de ce qui nous encombre l'espace et le temps se réduisent. La séparation prend dès lors une autre dimension.


Lu dans:
Liliane Wouters.  Trois visages de l’écrit. Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord ». 2016. 224 pages.

20 juin 2021

Ce qui reste après la marée

"Sur l'écriteau, en lourdes lettres imprimées: "FERMÉ."
Et plus bas, en diagonale, d'une main maladroite:
"Je reviens bientôt."

                 Francis Dannemark



Et quand nous raconterons aux petits-enfants ce que fut le Covid, il restera pour nous aider ce superbe petit ouvrage photographique de plages, de dunes, de terrasses, d'échoppes vides habitées par des fantômes. Aujourd'hui, c'est l'été, et l'Euro, et le retour à la vie normale. Normale? Sans doute, si on le dit, avec un petit quelque chose de fêlé dans la mélodie: la vie n'est pas un film qu'on décide de revoir à l'identique.




Lu dans:
Michel Castermans. Nulle part ailleurs, ni en été. Préface de Bernard Plossu. Texte de Francis Dannemark. Kyrielle. 2021. 98 pages. Extrait p.93. Disponible sur commande chez l'auteur kyrielle.escales@gmail.com

19 juin 2021

Sagesse de Philippe Jaccottet

 

« La lyre de cuivre des frênes
a longtemps brillé dans la neige.
Puis, quand on redescend à la rencontre des nuages,
on entend bientôt la rivière
sous sa fourrure de brouillard.
Tais-toi : ce que tu allais dire
en couvrirait le bruit
Écoute seulement:
l’huis s’est ouvert. »
            Philippe Jaccottet

.
 

Lu dans:
Philippe Jaccottet. Pensées sous les nuages, Le Mont Joie, extrait in Œuvres. La Pléiade n°594. 2014. 1728 pages. Extrait p. 733

17 juin 2021

Nul n'est une île

 

"Ce pont, il a chuchoté, c'est la mort de la poésie. [...] C'est pas rien, une île... C'est un bout de terre planté au milieu de l'océan. Un caillou peut-être, mais avec la mer autour. Un truc magique, un endroit d'où tu ne peux pas te barrer comme ça, juste sur un coup de tête. Et même pour la rejoindre d'ailleurs ! Une île, ça se mérite. Faut prouver qu'on est digne de l'atteindre, faut être à la hauteur. [...] Si tu construis un pont, tu détruis tout, non ? Moi, je dis que tu la tues, cette île. "
                        Martin Dumont




Comme l'auteur de "Tant qu'il reste des îles", les ponts me fascinent. Tout ce qu’ils représentent en termes de liens, d’abolissement des frontières et des barrières. Et qui, en même temps, détruisent la magie des îles tenant à leur inaccessibilité. Nous sommes tout à la fois des îles rêvant du continent, et des continentaux s'imaginant gardiens de phare. Des marins qui selon les jours rêvent du port mais aussi du large. Nous sommes les gens, dans toute leur complexité, leurs réactions face aux épreuves, mais surtout les relations qu’ils nouent entre eux. Qui rêvent d'être seuls, mais ensemble.

 

Lu dans:
Martin Dumont. Tant qu'il reste des îles. Les Avrils. 2021. 240 pages

16 juin 2021

Les petites cartes illustrées

 

 « Les cartes postales, c’est vite écrit, vite lu et elles n’attendent aucune réponse."
                Françoise Houdart


Les cartes postales d'antan. C'était deux fois rien, mais deux fois rien c'est déjà quelque chose. Ne nécessitant pas de réponse, leur expéditeur n'était jamais déçu. Elles avaient deux faces, le verso vite lu "bien arrivés à la mer, on mange bien, bisous à mémé" , le recto illustré ornant la cheminée le temps des vacances, discret signe d'affection pendant l'absence. Elles ne sont plus guère de mode, remplacées par les SMS qui en ont hérité une part des fonctions, l'instantanéité en plus, la permanence en moins. Aucun SMS n'affiche aux yeux de tous la certitude qu'on possède de la famille et des amis lointains pour qui on compte.



Lu dans:
Françoise Houdart. Au revoir Lisa. M.E.O. 2021. 132 p.

15 juin 2021

Mes vieux

 

"Dire que j'ai passé des années
À côté de lui, sans le regarder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux

J'aurais pu, c'était pas malin
Faire avec lui un bout de chemin
Ça l'aurait peut-être rendu heureux
Mon vieux

Mais quand on a juste quinze ans
On n'a pas le cœur assez grand
Pour y loger toutes ces choses-là
Tu vois

Maintenant qu'il est loin d'ici
En pensant à tout ça, je me dis
J'aimerais bien qu'il soit près de moi
Papa."
                Michelle Senlis, Jean Ferrat. 1962




Ils auraient 99 et 100 ans ce jour. Ils nous ont quittés il y a plus de 25 ans, les parents cela s'apprécie sur le tard. Ce qui me gênait alors a nos traits maintenant. Que d'années nous faut-il pour dire qu'on s'aime.


13 juin 2021

Nouvelle chanson pour l'Auvergnat

 

"Plutôt que les racines, je cultiverais l'ailleurs
un monde qui ne se referme pas
plein de “semblables"différents
comme soi           et pas comme soi."
        Barbara Cassin.





Question souvent émouvante: pour tous ces patients et voisins d'origine étrangère que nous côtoyons chaque jour, où se niche la nostalgie? Dans le souvenir des racines, des parents laissés au pays, souvent délaissés, ou dans l'évidence qu'un éventuel retour ne se produira jamais. "Ubi amici, ibi opes (Là où j'ai des amis, là est ma richesse)", la nécessité de gagner sa vie, l'arrivée des enfants, petits-enfants, le confort et la sécurité trouvés dans notre pays, le sentiment d'appartenance à un quartier, une communauté de vie créent des liens aussi forts que les souvenirs lointains d'une famille qui souvent se meurt. On peut réinventer un foyer qui soit fait de branches tout autant que de racines. Quand donc est-on chez soi? Quand on est accueilli.


 

Lu dans:
Barbara Cassin. La Nostalgie. Quand donc est-on chez soi ? Fayard Pluriel. 2015. 152 pages
Exergue de Ceux qui partent. Jeanne Benameur. Actes Sud. 336 pages

12 juin 2021

Juin léger

 

"Le brume est si légère     qu'un éclat de rire trop aigu la déchire
et le matin de juin ouvre grands ses rideaux  (..)
Il fait déjà très chaud         La journée sera belle

Tout cela n'est peut-être qu'une apparence
l'illusion d'un début d'été    
Je respire peut-être une illusion d'odeur de foin
J'entends peut-être une illusion de rires
sur une apparence de berge

Peut-être     probablement         mais tout de même
en attendant     même s'il est sans doute précaire d'exister
il y a des instants (ce matin) où le temps passe avec douceur
            Claude Roy. 7 juin 1989




Bien sûr, on ne mesure pas le bonheur d'une journée à son ensoleillement, mais tout de même. Il est des jours où la légèreté de l'air rendrait l'envie de vivre aux plus atteints, si on les déplaçait un peu vers le balcon que le soleil inonde. Mes pensées vont ce soir vers une belle personne, fort âgée, savourant hier encore l'alchimie du printemps, de la nature et du bonheur de retrouver sa famille. Aujourd'hui, elle est sur le fil d'ici et d'ailleurs. Cette pensée va vers elle. 
 
 

 

Lu dans:
Claude Roy. Le Noir de l'Aube. NRF Gallimard. 1990. 150 pages. Extrait pp 143, 144

10 juin 2021

Passion triste

 

 "Elle a été mon ange
je lui ai brisé les ailes
je l’ai tuée avec une lettre
et je tente vainement de la ressusciter avec un livre."
                    Claude RAPPÉ



Il existe de magnifiques livres narrant la rupture amoureuse. Certains auteurs ont la capacité de sublimer ces récits souvent autobiographiques, s'attribuant un rôle flatteur dans leur survenue, quand il ne s'agit pas d'une simple justification pro domo. Qu'en pense la silencieuse, la délaissée, celle qui n'a pas la capacité d'écriture, ou d'accès à l'édition, et qui découvre parfois le récit de son propre malheur dans des pages auxquelles elle n'a en rien contribué? Si certaines lettres mériteraient de ne jamais avoir été écrites, certains livres les prolongeant le méritent encore moins.



Lu dans:
Claude Rappé. L’écolière. Lilys. 2021. 153 pages.

Before I die

 

"Avant de mourir je voudrais… "
                    Candy Chang


Candy Chang est une artiste américano-taïwanaise, surtout connue pour ses interventions au sein de l’espace public. Aux quatre coins du monde elle place des panneaux d’ardoise et des craies blanches ou de couleur invitant les passants à compléter les points de suspension laissés après la phrase : « Avant de mourir je voudrais… ». Quoi de plus suggestif, quoi de plus véritablement poétique que de penser, de réfléchir à ce qui compte le plus pour nous dans notre vie, à ce que nous voudrions faire devant l’imminence de la mort et ce, juste avant de monter dans un train et de partir ? C’est que le temps du voyage est propice à emporter la question avec soi et à méditer sur notre désir. Ainsi à la gare de Lyon, en réponse à « Avant de mourir je voudrais… », les passants pouvaient lire les souhaits anonymes rédigés à la craie en ces termes : « voyager dans l’espace », « voir mes enfants réussir », « être enfin moi », « te revoir », « devenir maître Jedi » ou encore, actualité oblige, « capturer un Pokemon » !  La question nous concerne tous, car avant de mourir, c’est exactement en ce moment précis, ici et maintenant, pas plus loin.

La réflexion de Pascale Seys apparaît particulièrement inspirante ces jours où la vie d'avant redémarre, après une longue attente en gare. Avec une sourde inquiétude d'avoir à nouveau à meubler l'espace, créer des projets, redonner une dynamique aux journées gagnées par la léthargie. Se déconfiner responsabilise, tant était confortable d'évoquer la pandémie à longueur de soirée en chargeant les experts, ministres, responsables politiques de tous les maux de notre existence. Il y aura une vie sans le covid, on l’espère sans certitude, mais il faudra la réinventer.



Lu dans:
Pascale Seys. Et vous, qu'en pensez-vous ? Philosophie vagabonde sur l'humeur du monde. Racine Lannoo. 2018. 200 pages.

09 juin 2021

Philosophie de mon verger

 

"Pouvoir miraculeux et merveilleuse activité!
Tirer l'eau du puits et couper du bois."
            Pan Yun. Sagesse Zen

 
 
Notre verger dans le Pajottenland a été le terrain de jeu d'une dizaine d'enfants le weekend-passé. Parmi les activités les plus fascinantes, la construction d'une cabane sur pilotis précaire et d'un barrage tentant d'organiser un filet d'eau, la récolte d'eau d'arrosage à la pompe à eau manuelle, et un patient travail de sciage de branches mortes. Observant la fillette qui inlassablement coupait ce bois perdu pour en faire des bûches à brûler, je m'interrogeai sur ce qui constitue le bonheur des hommes. Et sur ce qui les amène progressivement  à quitter ces moments gratuits d'éternité pour un trip ruineux dans l'espace avec Jeff Bezos. On ne comprendra jamais, mais peut-être que cette démesure est à l'origine de bien des misères actuelles. 


  

Lu dans:
Marguerite Yourcenar. La voix des choses. Octobre 1985 - Juin 1987. Éditions Gallimard, 1987. 100 pages. Extrait p.66

08 juin 2021

Chaise musicale

 

 "Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris."
    Oscar Wilde




C'est l'histoire d'un gosse nul en gym qui enviait son ami qui grimpait aux arbres, son ami rêvait de jouer la guitare comme son cousin, qui lui-même aurait aimé escalader le Ventoux à bicyclette comme son oncle kiné. L'oncle avait rêvé de faire médecine comme son voisin de classe, qui lui-même se projetait en écrivain. Infernal jeu de chaises musicales, arrêtez le monde, je veux descendre. On est tous le gros d'un maigre, le simplet d'un haut potentiel, le pataud d'un singe, autant s'y faire si on veut être heureux, car si je ne suis moi, qui le sera? 

 


Lu dans:
Charles Pépin. La rencontre. Allary Editions. 2021. 272 pages. Extrait p.230 

04 juin 2021

Sagesse des Dupon(d)t

 "Botus et mouche cousue, c'est notre denise."

                    Hergé, Sagesse des Dupon(d)t




Trois lettres caponnes, et on rit.


Lu dans:
Hergé. Les aventures de Tintin. L'affaire Tournesol. Ed. Casterman. 1956.

03 juin 2021

Zéro sur vingt

 

"Celui-là, je l'aime bien. Il n'est pas comme les autres. (..) Il ne pose pas de questions, il ne cherche pas à me faire prononcer des phrases précises. Il n'a pas l'air étonné quand je lui dis que je me plais ici. Il n'a jamais l'air étonné. (..)  J'aime sa voix quand il reprend : «Dites, dites comme ça vient. » Alors je parle et ça me plaît. Je dis les choses qui me passent par la tête, j'ai l'impression que ça change tout qu'il soit là, même s'il se tait. Je me rends bien compte que tous ces mots n'ont parfois pas grand sens, moi-même je ne les comprends pas toujours, mais ça ne le gêne pas. Un jour, il m'a confié qu'il n'y avait rien à comprendre, qu'il fallait juste entendre : entendre ce qui est. (..) J'aime sa manière de ne pas juger, de ne rien attendre, mais aussi d'accueillir mes paroles."
                        Charles Pépin.


Dans une autre existence, il m'est arrivé d'enseigner comment structurer une consultation, traquant avec méthode le symptôme muet mais important. Pour les étudiants, la meilleure manière d'obtenir une cote proche de zéro aurait été de recopier ce court extrait du philosophe Pépin, qui contient la synthèse de ce qu'il ne faut pas faire. Mais on enseigne tant de choses, que sans pour autant les renier, on contourne ... car le désordre s'avère parfois n'être qu'un ordre différent. Un jour notre aîné - il devait avoir 4 ou 5 ans - vida ses poches à la demande de ses frères, une caverne d'AliBaba. Une ficelle, une clé, un carnet, une boussole, un crayon, un caillou, un mouchoir, une bille, un soldat, une auto, une fleur pour maman, un sifflet, un coquillage, un clou, une pomme de pin, une mignonnette Côte d'Or.  Il en avait des poches le bougre, et les laisser vides lui paraissait impensable. Le récit qui accompagnait chacun de ces trésors nous révélait un jardin intérieur que nous n'aurions pu découvrir lors d'un simple interrogatoire. Rien de structuré dans ce déballage sur l'herbe, mais quelle richesse! Et si dans certains cas "Dites, dites comme ça vient" méritait  davantage qu'un zéro sur vingt?


Lu dans:
Charles Pépin. La joie. Gallimard 2014. Folio 6122. 186 pages. Extrait pp. 180,181

02 juin 2021

La vie courte

 

"La vie
un peu d'eau
quelques mots sur la langue."
        Bernard Noël



Je résous maintes questions en ne me les posant plus. Avant ma naissance j’étais de l’eau. J’y pensais encore hier, il y a évidemment des conclusions à en tirer, mais cela ne m'intéresse plus. Larguer tout ce à quoi on n'a - et n'aura jamais - de réponse, tout ce sur quoi on n'a pas prise et qu'on ne pourra changer, libère du temps et de l'énergie. La vie est trop courte pour se tourmenter en permanence.




Lu dans:
Bernard Noël. La rumeur de l'air. Eédition Fata Morgana. 1986

Là ci darem la mano

 

"On ne vend pas la musique. On la partage."
                Léonard Bernstein 


Un petit couple. Il lui tient la main, elle est songeuse, elle perd un peu la tête. D'une voiture sortent quelques notes, Là ci darem la mano, de Mozart. Un sourire illumine son visage, on devine qu'elle chantonne à mi-voix, elle a vingt ans, "là, nous nous donnerons la main / là tu me diras oui / tu vois, ce n'est pas loin / on s'en va mon amour ".  "C'est beau", dit-elle, une lueur dans les pupilles. Fugace moment de bonheur.




Lu dans:
Il dissoluto punito, ossia il Don Giovanni, K. 527: Act I, Scene IX. No. 7 Duettino "Là ci darem la mano"