"Me dépouiller.
Non seulement de ce qui m'encombre, mais encore, quand tout est éjecté, de ce que les choses ont laissé d'ombres.
Alors, peut-être, tendre des mains capables de recevoir,
capables de donner,
de caresser la clarté qui habite ton visage."
Philippe Mathy
Quand tout a été essayé sans succès, il reste la paix que
procure l'oubli, cette faculté de ne garder que l'infime part des
souvenirs qui nous font du bien. Jadis était proposé, une fois
l'an, de "faire les grosses poubelles", qui faisaient de nos
trottoirs des greniers ouverts à la curiosité des voisins, et
épuraient nos maisons de tout "ce qui pourrait encore servir",
héritage d'un passé qui encombre notre présent. En se débarrassant
des objets, on s’allégeait soi-même, et quand le trottoir était
vide, c'est en nous qu'il y avait de la place. Ce service a
disparu, mais on en peut garder la pratique intérieure.
Lu dans :
Philippe Mathy. Une eau simple. Éditions Le Taillis Pré.2005. 80
pages. Extrait p. 64
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