20 janvier 2021

Ce passé qui nous encombre

 

"Me dépouiller.
Non seulement de ce qui m'encombre, mais encore, quand tout est éjecté, de ce que les choses ont laissé d'ombres.
Alors, peut-être, tendre des mains capables de recevoir,
capables de donner,        
de caresser la clarté qui habite ton visage."
            Philippe Mathy

 

Quand tout a été essayé sans succès, il reste la paix que procure l'oubli, cette faculté de ne garder que l'infime part des souvenirs qui nous font du bien. Jadis était proposé, une fois l'an, de "faire les grosses poubelles", qui faisaient de nos trottoirs des greniers ouverts à la curiosité des voisins, et épuraient nos maisons de tout "ce qui pourrait encore servir", héritage d'un passé qui encombre notre présent.  En se débarrassant des objets, on s’allégeait soi-même, et quand le trottoir était vide, c'est en nous qu'il y avait de la place. Ce service a disparu, mais on en peut garder la pratique intérieure.


Lu dans :
Philippe Mathy. Une eau simple. Éditions Le Taillis Pré.2005. 80 pages. Extrait p. 64

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