"Même si tout s'arrêtait là,
Au dernier souffle, à la fosse, à la cendre,
Même s'il me fallait descendre
Ces escaliers qui ne conduisent nulle part,
Cela valait la peine d'être né,
D'avoir bu à longs traits le vin de l'existence,
D'avoir connu des joies et des douleurs intenses,
D'avoir aimé, d'avoir lutté, d'avoir pleuré.
Je n'ai pourtant pas fait des étincelles,
Rien que ces choses que l'on dit très ordinaires.
Mes fautes ne sont pas des actes mais des manques.
Je confesse médiocrité.
Mais j'ai parfois marché sur l'eau, flotté dans l'air,
Je me suis vu sur la plus haute vague,
J'ai respiré un peu d'éternité."
Rûmi (1207-1273)
Moment précieux ce matin, rassemblant autour d'un patient rongé par
la maladie ceux qu'il a de plus chers. Il est à l'hosto, il va en sortir
pour revenir chez lui, pour une semaine ou pour un an? car nul ne
connaît l'heure. Il lui reste une ou deux tâches essentielles à mener à
leur terme, quelques messages de vie à transmettre, préparer son épouse à
l'inéluctable. Les mots échangés dans cette chambre d'hôpital aménagée en espace de rencontre,
encerclée par le Covid, ont une densité particulière quand les jours se
font rares, et j'admire plus que jamais cette médecine que l'on dit
parfois si dure quand elle se fait si humaine.
Lu dans:
Liliane Wouters. Le livre du soufi. Editions Le Taillis Pré. Décembre 2009. 70 pages. Extrait p.64
Liliane Wouters. Le livre du soufi. Editions Le Taillis Pré. Décembre 2009. 70 pages. Extrait p.64
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