" Ma femme affirme plaisamment que je suis affecté de la « névrose paroissiale ». Cette manie consistant, sitôt arrivé dans une ville ou un village, à visiter l’église même si elle n’offre pas un grand intérêt artistique. L’assertion est en partie exacte mais ma pathologie ne s’applique pas seulement aux édifices paroissiaux. Cathédrales, monastères, tous les lieux de culte ont ma faveur. Ce que j’y cherche ? Ce qui est perdu : la présence qui habitait mon église d’Ille-et-Vilaine. "
Jean-Paul Kauffmann
Traquer dans les lieux de silence et de solitude ce qu'on croit à
jamais perdu est le fil rouge de l’œuvre littéraire de Jean-Paul
Kauffmann, ex-otage au Liban où il perdra son ami Michel Seurat. Récit
pudique où transparaît l'espoir minuscule qui vous raccroche à la vie
quand tout paraît perdu, et qu'on se croit irrémédiablement oublié du
monde. Récits d'un univers clos et silencieux, où ne survivent que la
musique et les images de l'enfance. Atteints sans doute par la même
névrose paroissiale, nous sommes d'insatiables traqueurs de que cachent
les nombreux lieux de recueillement de la France profonde. Aucune
religiosité dans cette quête, mais l'émerveillement que procure le
reflet d'un vitrail sur la pierre inégale, une envolée de Bach au jubé,
la réverbération de l’angélus du soir sur les vignes au soleil frisant.
Bref, le sentiment de vivre un moment singulier dans un espace
inattendu. Gratuité et plénitude sans aucune possession.
Lu dans:
Jean-Paul Kauffmann. Venise à Double Tour. Des Equateurs. 2019. 336 pages.
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