"Moi je t'offrirai des perles de pluie
Venues de pays où il ne pleut pas (..)
Je ferai un domaine où l'amour sera roi
où l'amour sera loi où tu seras reine."
Jacques Brel. Ne me quitte pas
Pendant cinq ans, la minuscule île de Mana (Nouvelle-Zélande) n'a abrité qu'un fou de Bassan solitaire entouré de quatre-vingts statues de ses congénères en béton, installées pour tenter d’y attirer une colonie de repeuplement. Plumages blanc et becs noirs, enregistrements de chants mélodieux, fausses déjections, le leurre fonctionna si bien que Nigel s'énamoura de l’une d’entre elles. Le bec chargé d'algues et de brindilles, il commença par lui construire un nid, lui faisant sa toilette et communiquant avec elle. A la fin de 2017, trois autres fous de Bassan — des vrais, en plumes et en os — rejoignirent l'île mais, pas volage, l'oiseau solitaire les délaissa pour celle en plâtre avec laquelle il partageait ses jours. On l'a retrouvé mort à ses côtés ce mercredi 31 janvier. Au loin résonne la voix rauque du de l'Homme de la Mancha "oh non / ne t'en va pas / tu n'es plus une image / un mirage / un nuage / tu es là / Dulcinéa, ma Dulcinéa."
Lu dans:
L’histoire tragique de Nigel, le fou de Bassan épris d’oiseaux de béton. Le Monde. 2 février 2018.
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