"Le langage est le propre de l'homme."
Idées reçues et croyances à reconsidérer
Plongé dans mes lectures un après-midi d'été, je fus intrigué par
l'étrange dialogue de deux oiseaux que séparaient une trentaine de
mètres, chant modulé par le répons manifeste de deux mélodies
parfois similaires, parfois originales mais systématiquement en
harmonie, se rejoignant parfois en un duo charmant. Si ces deux-là
ne communiquaient pas, que faisaient-ils donc? Une étude récente
des cris d’alarme des mones sauvages (un cercopithèque, chimpanzé
d'Afrique équatoriale) découvre un florilège d’expressions variées
respectant des règles sémantiques et syntaxiques. Si le mâle émet
une série de « boom » pour rassembler ses femelles et amorcer un
déplacement, une série de « krakoo » signale un prédateur. Si dans
cette séquence, il place des « krak », le prédateur est un léopard
; s’il place des « hok », c’est un aigle. Si ces « hok » sont
espacés, il n’a pas l’intention d’attaquer : les femelles se
cachent. Mais s’ils sont serrés, toutes les femelles arrivent pour
l’aider dans son attaque. Plus étrange encore, si deux espèces
cohabitent, la mone de Campbell et le cercopithèque Diane, elles
sont capables d’échanger et de comprendre leur « cri de prédateur
léopard » respectif. En captivité, en revanche, les cris
anti-prédateurs ne sont plus utilisés mais les mones ont innové
en développant une alarme antivétérinaire !
Lu dans:
Marie-Laure Théodule. Alban Lemasson, décodeur du langage animal. Le Monde Science et techno. 28 janvier 2018.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire