"Où est la lettre ?
cette question vient d'un mourant puis il se tait
tant qu'un homme vit il n'a pas besoin de compter sa langue
quand un homme meurt il doit rendre son alphabet
De chaque mort nous attendons le secret de la vie
le dernier souffle emporte la lettre manquante."
Bernard Noël. Portrait. La rumeur de l'air.
On se remet difficilement de n'avoir pu prendre congé d'un
défunt. Le sentiment d'avoir laissé échapper un ultime conseil
comme viatique pour éclairer notre route, un
dernier secret partagé, un remerciement pour tant de bonté reçue,
donne au départ de l'être cher un sentiment d'inachevé qui rend le
deuil difficile. Mais connaît-on l'heure précise de l'instant
ultime? Il nous reste à partager l'essentiel bien avant de quitter
ce monde, et
faire de chaque instant un moment précieux.
Lu dans:
Bernard Noël. La chute des temps, suivi de L'Été langue morte, La Moitié du geste, La Rumeur de l'air et de Sur un pli du temps.
Collection Poésie/Gallimard (n° 274) 1993. 228 pages. Nouvelle édition augmentée d'une postface de Stefano Agosti en 2000.
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