22 décembre 2016

Dépenser, exister

 "Je dépense, donc je suis"
         Sagesse des fêtes de fin d'année

Bien sûr on sourit devant le mot d'esprit...  Quoique les dépenses au fond, ça dépend de l'usage qu'on en fait. On aimerait avoir été le convive de Babette offrant son festin unique dans lequel elle a investi toute sa fortune rien que pour créer un moment inoubliable, une alchimie du bonheur partagé. Ne dit-on pas d'une personne qui se "donne" à fond qu'elle se dépense. La frontière entre "ne rien être" et "ne rien avoir" est par ailleurs si ténue que le simple plaisir de pouvoir à nouveau dépenser le peu qu'on a est parfois le début d'une renaissance. Une vieille patiente avait coutume de consacrer le dernier jour du mois, quand sa modique allocation de retraite le lui permettait, à une escapade jusqu'à la frontière hollandaise. Elle en ramena un jour une paire de chaussures, l'ancienne avait dix ans, qu'elle étrenna avec une véritable jouissance. Dépenser, pour elle, ce jour-là, c'était bien exister. 


Lu dans:
Karen Blixen. Le festin de Babette et autres contes. Folio. 2008. 256 pages.

1 commentaire:

Tania a dit…

"Qui mesure ne donne pas" (Bernanos, La joie) : cité par Olivier Py dans Le Grand Charivari sur Musiq3 samedi dernier.