"Chacun a la parole. Même sans savoir articuler une phrase. Même sans maîtriser ni l'orthographe ni les idées. Nous vivons le monde du borborygme de comptoir répercuté par l'écran. On confond le rot et la pensée."
Joann Sfar
Ce matin, je relis Zweig et les dernières heures d'Erasme, un éditorial pour la journée que l'on vit. "Son cœur s'est assoupi depuis longtemps; il n'en est pas de même de sa main, ni de son cerveau d'une lucidité merveilleuse, qui telle une lampe répand sa constante et limpide clarté sur tous les objets qui tombent dans son champ de vision. Un seul ami, le plus ancien,le meilleur de tous, reste fidèlement à ses côtés: le travail. Tous les jours, Érasme écrit de trente à quarante lettres; il traduit les Pères de l'Église, il complète ses Colloques et met sur pied une foule de travaux esthétiques et moraux. Il écrit et agit avec la conscience d'un homme qui croit que la raison a toujours le droit et le devoir d'élever la voix dans un monde ingrat.
Mais, au fond, il sait depuis longtemps qu'il est fou de vouloir parler d'humanité en de tels moments de démence collective, il sait que sa grande et sublime idée, l'humanisme, est vaincue."
Mais, au fond, il sait depuis longtemps qu'il est fou de vouloir parler d'humanité en de tels moments de démence collective, il sait que sa grande et sublime idée, l'humanisme, est vaincue."
Lu dans :
Joann Sfar : " Nous sommes des orques de Tolkien ". Le Monde 27 août. 2016
Stefan Zweig. Erasme. Grandeur et décadence d'une idée. Traduction d'Alzir Hella. Grasset 1935. Le Livre de Poche 14019. 185 pages. Extrait p.168
1 commentaire:
Merci pour votre billet ce matin. Continuons.
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