"De grands arbres ont remplacé les piliers de bois des pavillons qui autrefois se dressaient sur la terrasse des Éléphants, et la broussaille encombre la place royale qui s'étend à ses pieds."
Pierre Loti. Le pèlerin d'Angkor. 1901
Dialogue entre l'antique cité minérale endormie et son décalque végétal envahissant, Angkor interpelle. J'imagine l'artisan du 7ème siècle sculptant sous le soleil écrasant ce paysan retenant son boeuf, cette femme pensive, ce roi guettant l’immortalité. Par quel miracle cette fresque si fine a-t-elle franchi les années pour s'imprimer sur ma rétine? Combien étaient-ils de son espèce à sculpter le grès côte-à-côte, mus par quelle motivation? Puis un jour, cette civilisation séculaire s'est assoupie, comme momifiée, intacte sur son site grandiose guettant le baiser du Prince charmant. Quel temple, quelle statuaire, quels écrits restera-t-il de notre civilisation actuelle dans quinze siècles, voire même dans cent ans? Une même sérénité se dégagera-t-elle de nos visages, et de nos écrits? La réponse est incertaine.
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