"Rien ne ressemble plus à l'exil que la naissance."
Negar Djavadi.
Et si ... rien ne ressemblait moins à l'exil que la naissance. Une réflexion d'une amie chère et lointaine (so far away Bremen!) éclaire d'un jour neuf la citation de Negar Djavadi, commentée ici même la semaine passée. "Voilà une affirmation qui dénigre le sens même de la vie, son rythme et sa force! C'est précisément l'extraordinaire message de la naissance, ce paradoxe: l'enfant ne peut rencontrer le regard, les bras, le sein, la chaleur, la tendresse de sa mère que si elle et lui se séparent auparavant par l'acte réciproque et complémentaire de naître et d'enfanter! Quand on le laisse en paix, c'est l'enfant qui envoie le premier le signal de départ ! C'est le début du rythme de la vie selon lequel, de passage en passage, toute autonomie n'est rendue possible que par l'attachement préalable, et tout attachement, par la séparation qui le précède. Oui, tout passage est accompagné d'anxiété, mais dans la confiance il permet de grandir, comme la traversée de la forêt dans les contes ou les épreuves de Tamino. La naissance est l'expérience initiale et initiatique du rythme de la vie. L'exil est un passage, mais imposé, subi, cruel. J'aime penser que la mort est l'ultime naissance, que nous ne pouvons voir que d'un pôle, comme nous ne voyons le début de la vie que de l'autre. Et qu'elle est heureuse -c'est mon espérance- quand nous pouvons, après tant de passages, dans et grâce à la plénitude de notre vie (quelle est l'expression biblique? En allemand: "lebenssatt"), quelle que soit sa durée, lâcher les amarres... "
Lu dans:
Negar Djavadi. Désorientales. Liana Levi. 2016. 349 pages. Merci à Colette Merjeay pour ses commentaires.
1 commentaire:
Negar Djavadi aurait-elle pu écrire : "Rien ne ressemble plus à la naissance que l'exil" ?
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