"Tout lieu peut être ou devenir d'intimité. Un banc, une prairie, le pli d'une colline, le pied d'un arbre, et pourquoi pas le creux d'une épaule. Ce qui fait le lieu et lui donne sa signification, c'est l'échange qui s'y déroule, l'histoire qui s'y raconte. Le chez-soi peut être une autre personne, en laquelle on peut trouver à se loger, et à reposer. (..) L'expression peut paraître étrange ou incongrue : trouver à se loger en une personne qui devient comme mon lieu, mon «chez-moi ». Mais je ne connais pas de meilleure définition de la confiance."
Jean-Marc Besse
L'inverse est vrai: nos lieux de vie cessent d'être familiers avec la disparition d'un proche. Évoquant le chagrin de saint Augustin à la mort de son ami d'enfance, le géographe américain Yi-Fu Tuan souligne combien, lorsque la bonne personne a disparu, «les choses et les lieux perdent rapidement leur signification, de telle sorte que leur durée devient plus irritante que réconfortante». Le chez-moi n'a pas nécessairement l'apparence d'un lieu physique, au sens banal de ce terme. Il correspond aussi à un état, à un ensemble de moments, à un échange entretenu avec un être singulier. Autant qu'un lieu, le chez-soi que l'on habite est caractérisé par une certaine qualité du temps et des relations qui y trouvent alors leur place.
Lu dans:
Jean-Marc Besse. Habiter un monde à mon image. Flammarion. 2013. 254 pages. Extraits pp 165-167
Tennessee Williams, La Nuit de l'iguane, acte III, cité dans Yi-Fu Tuan, Espace et lieu. La perspective de l'expérience, Gollion, Infolio, «Archigraphy. Paysages », 2006, p. 126
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