"Ce corps
est mon plus proche ami
Nous en avons fait des choses ensemble
et ne nous sommes jamais rien caché
Il m'a fait arpenter le monde connu
et je l'ai introduit
dans les contrées de l'esprit."
A. Laâbi
Mystère d'une cohabitation. Des patients vus ce jour, combien se satisfont-ils de leur enveloppe humaine, qui ne correspond jamais entièrement à l'idée qu'on se fait d'une belle image et d'un bon outil. Pas assez beaux, pas assez sveltes, pas assez souples, pas la bonne couleur, ni la bonne taille, ni le bon visage. Corps de souffrance parfois, qu'on aimerait mettre en repos. Et pourtant, comme le confiait une patiente, corps qui demeure la seule chose qui nous reste quand on a tout perdu et qui nous permet d'accéder aux contrées du rêve, de la beauté et de la vie intérieure. Par un juste retour de fortune, point n'est besoin d'un corps idéal pour explorer des espaces merveilleux dans sa tête ou sur terre, et on a connu des gibbeux rêvant de chênes droits des racines aux cimes.
Lu dans :
Abdellatif Laâbi. Zone de turbulences. Clepsydre. Editions de la Différence. 2012. 112 pages. Extrait p. 75.
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