" Ma vie. Quand je pense à ces mots, je vois devant moi un rayon de lumière. Et, à y regarder plus près, je remarque que cette lumière a la forme d'une comète et que celle-ci est pourvue d'une tête et d'une queue. Son extrémité la plus lumineuse, celle de la tête, est celle de l'enfance et des années de formation. Le noyau, donc sa partie la plus concentrée, correspond à la prime enfance, où sont définies les caractéristiques les plus marquantes de l'existence. J'essaie de me souvenir, j'essaie d'aller jusque-là. Mais il est difficile de se déplacer dans cette zone compacte : cela semble même périlleux et me donne l'impression d'approcher de la mort. Plus loin, à l'arrière, la comète se dissout dans sa partie la plus longue. Elle se dissémine, sans toutefois cesser de s'élargir. Je suis maintenant très loin dans la queue de la comète : j'ai soixante ans au moment où j'écris ces lignes."
Tomas Tranströmer.
Court hommage au dernier prix Nobel de littérature, hémiplégique, aphasique, qui communique encore en jouant du piano d'une seule main les diverses oeuvres que ses amis compositeurs ont écrites pour lui. La queue de la comète recèle de beaux restes.
Lu dans.
Tomas Tranströmer. Le Castor Astral. 2004. 101 pages.
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