24 février 2009

Ne dites pas à ma mère que je joue à Boston...

"Celui qui est le même à l'égard de l'ami et de l'ennemi, et ainsi qu'à l'égard de l' honneur et du déshonneur, qui demeure dans le froid et le chaud, le plaisir et la douleur, libre d'attachement, égal dans le blâme et la louange, silencieux, content de tout - quoi qu'il arrive -, sans demeure fixe, la pensée ferme, plein de dévotion: cet homme m'est cher."
Bhagavad-Gîtâ, XII, 18- 19


Un violoniste perdu dans le métro de Washington, en janvier. Musicien de rue, il joue pour quelques pièces, en quête d'un peu d'attention. Un millier de personnes, passent, se bousculent, ne s'attardent guère. Il fait froid et il joue sans partition depuis trois quarts d'heure: Bach, Schubert, Ponce, Massenet. Sept personnes se sont arrêtées un court moment, un enfant de trois ans s'est attardé admiratif, une femme lui adresse un mot aimable à la fin. Quelques maigres dollars lestent la housse de son stradivarius (1713) de 3,5 millions de dollars, que Joshua Bell remballe avec précaution. Hier il jouait les mêmes morceaux à Boston devant une salle comble, à cent dollars la place, il a  occupé les plus belles scènes du monde et accompagné de prestigieux orchestres, mais la beauté sortie de son cadre est-elle soluble dans un environnement inapproprié? Et chacun de nous demain, combien d'instants superbes croiserons-nous sans même nous y arrêter? 

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette édifiante histoire aura beaucoup inspiré de blogueurs, sans doute parce que symptomatique d'une époque où l'on a oublié qu'il fallait savoir perdre son temps parfois

( http://gilda.typepad.com/traces_et_trajets/2009/01/bach-in-ourselves.html )

Anonyme a dit…

Et je m'aperçois entre temps qu'une de mes amies s'y est mise aussi :

http://gamace.cowblog.fr/86-le-violoniste-2806126.html