"Comme l'eau se change en glace, parfois le silence devient dur.
Dur et blessant comme une arme. "
Erik Orsenna
"L'amour n'est pas forcément un sentiment réciproque. L'amitié au contraire, me semble-t-il, requiert toujours de la réciprocité. Je ne puis être l'ami de quelqu'un qui n'est pas mon ami."
Francesco Alberoni
On a tout dit, et son contraire, sur l'amour et l'amitié. Cette dernière phrase me paraît néanmoins contenir une réflexion originale.
"Ma fille a sept ans, et parmi les autres parents de sa classe, certains se plaignent que leurs enfants ne lisent pas par plaisir. Lorsque je vais chez eux, la chambre des enfants est bourrée de livres hors de prix, mais celle des parents est vide. Ces enfants ne voient pas leurs parents lire, comme j'ai vu lire les miens chaque jour de mon enfance. En revanche, quand je vois dans un appartement des livres sur les étagères, des livres sur les tables de nuit, des livres par terre, des livres sur le réservoir d'eau des toilettes, alors je sais ce que je verrais si j'ouvrais la porte affichant « Privé - Interdit aux Grandes Personnes » : un gamin vautré sur son lit, en train de lire."
Catherine Pierre , Ex-libris
"Un véritable système éducatif devrait se proposer trois objectifs. À tous ceux qui veulent apprendre, il faut donner accès aux ressources existantes, et ce à n'importe quelle époque de leur existence. Il faut ensuite que ceux qui désirent partager leurs connaissances puissent rencontrer toute autre personne qui souhaite les acquérir. Enfin, il s'agit de permettre aux porteurs d'idées nouvelles, à ceux qui veulent affronter l'opinion publique, de se faire entendre."
Ivan Illich Une société sans école
"Siempre fuiste mi espejo,
quiero decir que para verme tenía que mirarte."
Cortazar
"Tu as toujours été mon miroir
Je veux dire que pour me contempler moi-même,
il me fallait te regarder."
Merci à Emmanuel pour son aide diligente. C'est aussi beau que je le devinais.
"Des grelons tombent durement sur Panurge et. quand ils se liquéfient, on voit qu'il s'agit de paroles gelées.
Tout livre est une parole gelée qui doit être réchauffée par la main des hommes."
D'après Rabelais, Panurge
Qui pourra me dégeler ces vers de Cortazar (extraits de Bolero)
"Siempre fuiste mi espejo,
quiero decir que para verme tenía que mirarte."
"Savoir que quelqu'un ment ne nous apprend rien sur ce qu'il pense."
Gilles Jobin
"Sans les arbres dans lesquels il joue
le vent resterait invisible.
Ainsi des époux et de l'amour."
C. Singer
"Un homme qui cultive son jardin, comme le voulait Voltaire.
Celui qui est heureux que sur terre il y ait de la musique.
Celui qui découvre avec plaisir une étymologie.
Deux employés qui dans un café jouent silencieusement aux échecs.
Le potier qui prémédite une couleur et une forme.
Le typographe qui compose bien cette page,qui peut-être ne lui plaît pas.
Un homme et une femme qui lisent les tercets finaux d'un certain chant.
Celui qui caresse un animal endormi.
Celui qui justifie ou veut justifier un mal qu'on lui a fait.
Celui qui est heureux que sur terre il y ait Stevenson.
Celui qui préfère que les autres aient raison.
Ces personnes,qui s'ignorent,
ce sont elles qui sauvent le monde."
Les Justes. Jorge Luis Borgès.
qu'on se rend compte
que c'est passé.
..
Rien que pour un instant
L'éphémère devienne
Eternité
Saez
21 septembre. Fin d'été. Un seul ennui, les jours raccourcissent, comme le note bien Flora Groult.
Une lune pleine et ronde, grosse comme une Terre, taille des croupières au soleil depuis quelques jours.
Ce petit je ne sais quoi d'électrique dans l'air le matin est réapparu dans nos rues, avec la brume des pots d'échappement.
Les maux de dos réapparaissent, les céphalées, les toux irritatives. Et pourtant "j'aime septembre, ses jours plus courts
ses nuits plus longues, quand je vois descendre De l'or et de l'ambre Au fond de tes yeux." C'était Nana, c'était hier, c'est bien loin.
"Il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre."
Condé
Pour la petite histoire, Hegel y ajouta, perfide, que le valet de chambre n'avait qu'un point de vue de valet de chambre, ne découvrant son maître que dans les banalités et les prosaïtés de la vie quotidienne.
Ce point de vue est pourtant vrai : le grand homme ne l'est jamais ni intégralement, ni en permanence
Le point de vue du valet de chambre doit être intégré et dépassé dans le méta point de vue (wouah!)où le grand homme est grand par ailleurs (en politique, à la guerre, en littérature).
Petite leçon de contextualisation, ou multifocalisation selon E. Morin.
Je vous souhaite une bonne semaine
CV.
"Quand on ne peut comprendre, on commence par juger."
Nietzsche.
Le hasard de quelques lectures après avoir coché cette phrase du célèbre philosophe allemand m'en fait découvrir d'autres, que je ous joins:
« Le principe suprême de toute éducation : n'offrir un mets qu'à ceux qui ont faim. »
« Je ne pourrais croire qu'à un Dieu qui saurait danser.»
ainsi que ce court poème :
« Il fait nuit : voici que s'élève plus haut la voix des fontaines jaillissantes.
Et mon âme, elle aussi, est une fontaine jaillissante.
Il fait nuit: voici que s'éveillent tous les chants des amoureux.
Et mon âme, elle aussi, est un chant d'amoureux.»
Nietzsche
"Nous avons payé l'arbitre pour qu'il te déclare vainqueur; nous avons payé ton adversaire pour qu'il te laisse gagner. Le reste dépend de toi."
Marx Brothers
"Bois du lent oubli
ombre souveraine
calme ma peine et mes regrets
beau bois épais
verse sur mon âme
ta sainte paix
verse en mon âme
comme un nyctamen
ta sainte paix
ta sainte paix."
Largo de Handel
"C'est une chose de penser que l'on est sur le bon chemin,
une autre de croire que ce chemin est le seul"
Paulo Coelho
"Connaître les autres, c'est sagesse. Se connaître soi-même, c'est sagesse supérieure. Imposer sa volonté aux autres, c'est force. Se l'imposer à soi- même, c'est force supérieure."
Lao-tseu
Une dernière fois Georges est allé marcher dans la mer, laissant les embruns gifler son visage de vieux boucanier, cassant de ses mollets aux chausses retroussées les vagues immortelles. Il se sait atteint dun mal torpide et célèbre avec une joie sourde cette ultime baignade.
Tout dans le monde qui nous crée est le siège dune répétition éternelle et rassurante : le retour du printemps, lheure dété, la fragilité des perce-neige, la splendeur mordorée des feuillages mosans à lautomne. La neige immaculée et le soleil pâle à travers les arbres nus. La pleine lune. Le retour des cigognes.
Lêtre humain se rassure comme il peut, jouant lui aussi à la répétition : célébration joyeuse des anniversaires, des fêtes liturgiques, des premières dents, des premières règles, des premiers salaires. « A lan prochain, à la même heure » paraît être la devise dune humanité de fêtards prenant congé les uns des autres au terme dune année. Derrière les embrassades perce sans doute un zeste dinquiétude, vite neutralisé par les rires et les pétards : si cétait la dernière fois? Où suis-je sur mon échelle du Temps, ce projet entamé serait-il le dernier, de combien de cailloux dispose encore le Petit Poucet qui dort en chacun de nous?
Nous sommes des créatures appelées à vivre un nombre incalculable de « dernières fois ». La dernière poussée dentaire, la dernière joie de lenfantement, la dernière fois quon donne son sein chaud à téter à son dernier bébé, les dernières règles, la dernière fois à faire lamour, la dernière cueillette des mirabelles, si juteuses et si parfumées cette année quon se dit quaprès en avoir goûté de pareilles on a connu le bonheur sur terre. Le dernier envol des canards sauvages. La dernière fois quon défait le lit de la petite dernière qui quitte la maison pour de bon avec son amoureux. La dernière fois quon pleure de bonheur en apprenant une naissance.
Petits deuils dune existence, que je vous aurai appréciés. Mis bout à bout, ils portent un nom sublime : le bonheur. Ce fut celui dune écriture depuis de longues années, sous un pseudo autorisant une transparence et une sincérité sans faille, des émerveillements quotidiens dun simple généraliste. Les visites buissonnières racontaient la vie, demblée donc on savait quil y aurait une dernière fois. Toutes les fins ont quelque chose de magique : on est heureux, et on pleure à la fois. Merci aux innombrables lecteurs qui au fil des semaines nous ont encouragés de la parole ou de lécrit. Ce dernier billet leur est dédié, comme un foulard quon agite au loin pour sassurer quon ne soubliera pas.
Zénon.
Les vrais sages
Qu'ont-ils de plus que nous?
Plus de désert
C'est-à-dire moins ...
Moins de bruit
Moins de mental
Moins de soucis
Moins d'illusions
Moins d'argent
Moins ...
Les vrais sages
Sont déserts
Nous projetons sur eux
Nos plus beaux mirages
Et lorsque nous nous en approchons
Ils nous laissent seuls
Face à nous-mêmes
A nous de creuser
Notre propre puits
Découvrir alors
Que la sagesse
C'est le désert
« Moins» la soif
L'ombre ou l'oasis
Où rien n'entrave la lumière
Jean Yves Leloup, Désert, déserts
" Un radeau est chargé lourdement, la Méduse flotte à nouveau mais des avaries surviennent. L'évacuation est délicate :
les 250 passagers privilégiés, dont Chaumareys, Schmaltz et sa famille, embarquent sur six canots de sauvetage, seize marins restent à bord de La Méduse, trois survivront ;
mais 139 marins et soldats doivent s'entasser sur le radeau long de 20 mètres et large de 10 mètres avec peu de vivres. Lorsque l'amarre avec les autres canots se casse, le commandant laisse les passagers du radeau livrés à leur sort. La situation se dégrade rapidement, dès la première nuit 20 hommes se sont suicidés ou ont été massacrés.
Après treize jours, le radeau est repéré par le brick l'Argus, quinze rescapés restent à bord : pour leur survie ils ont pratiqué le cannibalisme, cinq mourront dans les jours qui suivent.
Le 13 septembre 1816, le Journal des Débats, anti-bourbon, publie le rapport officiel du chirurgien Henry Savigny, rescapé du radeau : les révélations de l'imposture de l'échouage, le récit de la tragédie avec les conditions de vie extrêmes sous le soleil, sans eau, avec des rations de plus en plus réduites, les noyades, le tout dans un climat de violence permanent, les plus forts éliminant les faibles, déclenche un scandale politique. La marine anglaise prendra en charge le rapatriement des survivants en France en raison des réticences du ministère français.
Le commandant de Chaumareys fut acquitté en cour martiale."
Wikipedia . Le radeau de la Méduse.
Les visages hagards des rescapés de La Nouvelle Orléans vous rappellent quelque chose ? Allez revoir le Radeau de la Méduse de Géricault. Deux siècles de distance, mêmes ingrédients, mêmes effets.
"C'est comme le bourdon: mathématiquement ,il est incapable de voler(rapport poids/puissance); mais le bourdon ne le sait pas et il vole..."
Igor Sikorsky
Je vous souhaite une bonne semaine
CV.
Quelqu'un arrive un jour, tout agité, auprès du Sage Socrate :
- Ecoute, Socrate, en tant qu'ami, je dois te raconter
- Arrête, as-tu passé ce que tu as à me dire à travers les Trois Passoires ?
- Les Trois Passoires ?
- Oui, mon ami, les Trois passoires ! La première est celle de la Vérité. As-tu examiné si tout ce que tu vas me raconter est vrai ?
- Non, je l'ai entendu raconter et
- Bien, bien. Mais assurément, tu l'as fait passer à travers de la deuxième Passoire ? C'est celle de la Bonté. Est-ce que, même si ce n'est pas tout à fait vrai, ce que tu as à me raconter est du moins quelque chose de bon ?
- Non pas, au contraire
- Essayons donc de nous servir de la Troisième Passoire, celle de l'Utilité et demandons-nous s'il est utile de me raconter ce qui t'agite tant.
- Utile, pas précisément
- Et bien, dit le Sage, ce que tu as à me dire n'est ni vrai, ni bon, ni utile, oublie-le et ne t'en soucie pas plus que moi.
Le hasard des lectures me permet de redécouvrir ce texte bien connu. Je lui retrouve une force et une actualité qui me surprennent. Je ne l'applique manifestement pas suffisamment pas assez dans ma propre existence.
Je vous souhaite une bonne semaine
CV.
"Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver"
Walt Disney
Je vous souhaite un bon week end
CV.
"Un scorpion cherchait à franchir une rivière. Soudain, il aperçoit un crocodile en train de nager
non loin de la berge. Il lappelle et lui demande sil peut le prendre sur son dos pour le faire
traverser. Oh non, rétorque le crocodile. Je te connais. Quand nous serons au milieu de la rivière, tu me piqueras et je mourrai. Pourquoi ferais-je une telle chose ? répond le scorpion. Si je te pique et que tu meures, je me noierai.
Le crocodile réfléchit un moment à la réponse du scorpion, puis accepte de le faire traverser.
Arrivé au milieu de la rivière, le scorpion le pique. Mortellement atteint, tout juste capable
de respirer, le crocodile proteste : Pourquoi as-tu fais ça ? Le scorpion réfléchit quelques instants, puis, juste avant de se noyer, répond : Je sais, je n'ai pas pu mempêcher. C'est dans ma nature."
Sagesse Zen
Curieux paradoxe (merci Rousseau, merci Lamartine) qui a fait de la Nature l'antithèse non pas de la civilisation, mais une sorte de paradis face à l'enfer. Ce qui est "naturel" est devenu un archétype publicitaire de ce qui est bon. Son contraire , l'"artificiel", résultat d'un travail de reconstitution d'une note, d'un produit donné, de l'homme qui domestique la nature (ou qui se domestique comme dans la fable du scorpion) s'est nimbé d'une coloration péjorative évidente. Les digues de La Nouvelle Orléans, vieillies, usées, fragilisées, qui ont cédé mardi sont presque rendues responsables de l'ampleur de la cruequi les a balayées.
On les oubliait presque : joyeuse rentrée aux milliers d'élèves et à leurs professeurs qui réintègrent les classes et les écoles. Fidèle à sa tradition ( à sa nature ) , ce petit billet quotidien a repris son cours, modeste contribution aux devoirs d'écriture que s'imposent à la rentrée tant de nos jeunes têtes. Merci à tous ceux qui par leur contribution me font découvrir des joyaux de textes méconnus, et que j'oublie parfois de remercier.
2 septembre 2005
"Un jour, en excursion en Afrique, le psychiatre suisse Carl Jung avait remarqué que les Africains se reposaient plus souvent quil ne lui semblait nécessaire. Il se garda bien de penser quils étaient paresseux, mais ne put se retenir de leur demander pourquoi ils avaient besoin de se reposer aussi fréquemment. Leur réponse laisse rêveur :
« Lorsque nous marchons sur ces pistes, nous nous arrêtons de temps à autre quand nous apercevons que nos âmes narrivent plus à nous suivre. Lorsque nous les avons distancées, nous attendons un peu, pour leur permettre de nous rattraper. Sans elle, nos idées deviennent confuses, et nous nous perdons
»