02 mai 2025

Le propre et le sale

"Qu’est-ce que la saleté ? N’est-ce qu’une question de point de vue ? La terre collée sous les semelles est indubitablement sale. Mais qu’en est-il de la même terre lorsqu’elle se trouve dans un pot de fleurs ? Comment expliquer cette métamorphose existentielle de la terre en fonction de l’endroit où elle se trouve ? Et qu’en est-il lorsqu’elle se trouve sur un chien ?" 
                                Hugo Rifkind

                                                                     


Dans un récent article du “The Times”, le chroniqueur Hugo Rifkind explore notre rapport à la saleté à travers le prisme de son compagnon à quatre pattes. Sur un chien heureux, la saleté est-elle toujours saleté ?  Un partage de douze années avec un Golden Retriever dont le principal bonheur consistait à se rouler dans les crottes de ses congénères fut la source de nombreux fou-rires familiaux. La propreté des uns n'est pas celle des autres, et aucune n'est vraiment risible. Lorsqu'on quitte une ferme à bétail, il n'y a rien de sot à se frotter les pieds en sortant avant de monter dans son auto, la saleté toute relative du lieu n'est qu'un autre mot pour le labeur. Chez mes patients musulmans, il est suggéré de me déchausser avant d'entrer dans la chambre du malade. La propreté touche ici au symbole: quand un être humain en fin de vie se voit confronté à l'essentiel, on laisse à l'extérieur la saleté du monde, ses conflits et ses médiocrités pour ne partager que ce qui compte vraiment. Se déchausser est une invite à la philosophie. 


Lu dans:
Hugo Rifkinf. The luxury of a muddy dog: the questions posed by four dirty paws. The Times. 28 février 2025.

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