"J’ai, un jour, demandé à ma grand-mère si le fait pour elle de rester assise sur la galerie à boire du café toute la sainte journée était une preuve de sagesse. Elle m’a répondu, avec un léger sourire, qu’une bonne part de cette sagesse vient de son arthrite qui la fait tant souffrir. Mais je sais aussi que ce sourire vient de son intelligence qui l’a si gentiment convaincue que rester immobile permet de saisir autrement la vie. Elle se verse une tasse de café qu’elle sirote tranquillement avant d’ajouter qu’il vaut mieux ne pas savoir ce qu’est la vie du moins tant qu’on est vivant."
Dany Laferrière. L’art de rester immobile.
Complimentant une patiente, durement éprouvée par la maladie, pour
son courage à y faire face, elle me coupa: "Il n'y a aucun courage à ne
pas se plaindre, je n'ai de toute manière pas le choix, alors pourquoi
embêter le monde . On ne lutte pas contre cette maladie, on est heureux
quand elle s'endort un peu. On ne la combat pas, on pactise." Ce
jour-là, je la trouvai non seulement courageuse, mais philosophe.
Lu dans:
Dany Laferrière. L'art presque perdu de ne rien faire. Collection bleue. Grasset. 2014. 432 pages
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire