"Il y a des tas d'encombrants dans nos crânes, voyez-vous, des tas de choses apprises qui ne fonctionnent plus bien, déglinguées, relatives, d'un usage révolu. Il faudrait un bon débarras, ou alors réparer tout ça."
Étienne Faure
C'est un temps révolu qui métamorphosait nos rues le temps d'un jour, pour que passent les "grosses poubelles". Cela débutait la veille au soir, exposant sur les trottoirs toute une intimité qui se calfeutrait dans les greniers et les caves: WC fendus, jouets inutilisés, vaisselle défraichie, objets de brocante restés invendus, vases, cintres, chaussures élimées. Des objets mangeurs d'espaces empêchant la vie de respirer. Le premier tour était celui des antiquaires, férus de quelques bonnes affaires sans bourse délier. Le second celui des camions à benne des employés communaux, véritables prestidigitateurs débarrassant en quelques minutes les trottoirs et les souvenirs. La rapidité de cette métamorphose interroge: qu'est-ce qui empêche l'être humain de se débarrasser une fois pour toute, une fois par an, des encombrants de nos cerveaux?
Lu dans:
Étienne Faure. Et puis prendre l'air. Collection Blanche. Gallimard. 2020. 136 pages. Extrait pp. 27-28
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