"Au milieu des cris qui redoublaient de force et de durée, qui se répercutaient longuement jusqu'au pied de la terrasse, à mesure que les gerbes multicolores s'élevaient plus nombreuses dans le ciel, le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s'achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l'injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses, à admirer que de choses à mépriser."
Albert Camus. La peste.
Roman d'après-guerre, la peste est vaincue. Avec discernement, Camus
suggère que cette allégresse reste toujours menacée. Le bacille de la
peste ne meurt ni ne disparaît jamais, il peut rester pendant des
dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, dans les
chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses. Pour
revenir un jour réveiller ses rats et les envoyer mourir dans une cité
heureuse. Texte inspiré, plus actuel que jamais, redécouvert au Théâtre
royal des Galeries cette semaine. Le roman a 70 ans, ce qu'il réveille
en nous aurait pu être rédigé hier.
Lu dans:
Albert Camus. La peste. Gallimard NRF. 1947. 336 pages.
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