25 décembre 2016

Noël

"Plus aucun souffle
le vent du matin
a eu raison
de la dernière bougie

en nous
un si profond silence."
            Philippe Jaccottet . Leçons

La rue et le jardin sont étonnamment silencieux ce matin de Noël. La ville retient son souffle un instant comme si on avait pressé la touche Pause. Sans s'en apercevoir, la nuit a raccourci d'une minute, solstice d'hiver oblige.  Le début du sombre hiver porte en lui le retour vers la lumière, ainsi des situations les plus problématiques.
  

23 décembre 2016

Les existences successives


"J'essaie de me souvenir de ton visage et c'est un autre qui apparaît.
Je n'arrive plus à voir tes yeux derrière les miens fermés.
Pourtant comme je les aimais, comme je les aime.
Qu'est-ce que cela veut dire?
Peut-on aimer une chose et oublier sa forme? "
        Biefnot-Dannemark

Ils sont un vieux couple maintenant. Elle a perdu les jambes, il a perdu la tête. Il lui trouve une ressemblance avec sa femme, qu'il aimait tant. Elle lui dit qu'elle est sa femme, qu'il arrête donc de dire des bêtises. Elle en est triste, il en est contrarié. Il lui rétorque que sa femme était blonde, mince, avait la peau lisse et une voix douce, elle travaillait à l'Inno, il s'en souvient comme si c'était hier. Elle arrête de le convaincre, le laissant à ses fantômes. A quel âge sommes-nous nous-mêmes, avant de n'être plus qu'une image souvenir? En combien de personnes successives s'égrène notre existence, et où s'envolent celles que nous fûmes aux divers âges de la vie, dans quel ciel, dans quel récit, dans la mémoire de quel être cher? Y retrouvent-elles qui une fonction prestigieuse, qui un amour d'enfance, qui un enfant parti trop jeune? Pierre Abélard y retrouve-t-il Héloïse avant d'être châtré ou après d'être moine? Tout est vrai successivement. 
Elle lui dit d'allumer la TV, qu'il y un match ce soir. Deux minutes plus tard il est calme.  


Lu dans:
Biefnot-Dannemark. Au tour de l'amour. Le Castor Astral 2015. 121 pages. Extrait p.37

22 décembre 2016

Dépenser, exister

 "Je dépense, donc je suis"
         Sagesse des fêtes de fin d'année

Bien sûr on sourit devant le mot d'esprit...  Quoique les dépenses au fond, ça dépend de l'usage qu'on en fait. On aimerait avoir été le convive de Babette offrant son festin unique dans lequel elle a investi toute sa fortune rien que pour créer un moment inoubliable, une alchimie du bonheur partagé. Ne dit-on pas d'une personne qui se "donne" à fond qu'elle se dépense. La frontière entre "ne rien être" et "ne rien avoir" est par ailleurs si ténue que le simple plaisir de pouvoir à nouveau dépenser le peu qu'on a est parfois le début d'une renaissance. Une vieille patiente avait coutume de consacrer le dernier jour du mois, quand sa modique allocation de retraite le lui permettait, à une escapade jusqu'à la frontière hollandaise. Elle en ramena un jour une paire de chaussures, l'ancienne avait dix ans, qu'elle étrenna avec une véritable jouissance. Dépenser, pour elle, ce jour-là, c'était bien exister. 


Lu dans:
Karen Blixen. Le festin de Babette et autres contes. Folio. 2008. 256 pages.

21 décembre 2016

La naissance des rêves

"Timochee dit que chaque histoire est un être vivant, et que nos rêves forment un peuple. Le jour où ce peuple aura disparu, l'univers sera déréglé. Les étoiles s'éteindront les unes après les autres, le soleil se consumera, et tous les bruits du monde se réuniront en un seul endroit. Ils seront tous là. Le bruit de la pluie qui flagelle les arbres, celui de la roche qui craquelle, du torrent qui gronde, celui de la renarde qui piaille après ses petits, du geai poursuivi par la peur, celui du vent faisant plier le lys des étangs, le premier et le dernier souffle des hommes... Au fond d'un unique creuset tous les bruits se réuniront pour ne plus en constituer qu'un seul. Le bruit que font les rêves quand ils meurent."
            Alex Cousseau

On aime imaginer ce même creuset habité par un impressionnant silence, dans lequel les rêves des hommes se forment. Les vôtres, en cette fin d'année où se mêlent les bilans et les projets. 


Lu dans:
Les trois vies d'Antoine Anacharsis. Alex Cousseau, Le Rouergue, septembre 2012, 288 p. Extrait p.207

20 décembre 2016

Le bonheur au fond des yeux


"Avec une précaution infinie, comme s’il touchait un objet fragile, il tira du carton un passepartout qui encadrait une feuille de papier vide et jaunie. Prudemment, du bout des doigts, il la souleva devant ses yeux éteints et la contempla avec enthousiasme, sans la voir. Tout son visage exprimait l’extase magique de l’admiration. Tout à coup, était-ce le reflet du papier ou une lumière intérieure, ses pupilles figées et mortes s’éclairèrent d’une lueur divinatrice."
                Stefan Zweig. La Collection invisible.

Dans une nouvelle écrite en 1922 Stefan Zweig donne vie à un collectionneur d’estampes âgé, aveugle, dont la famille a déjà vendu l'essentiel. Il ne le sait pas, il ne le voit pas. Il demande à un amateur d’art de venir l'admirer avec lui, lequel n'a pas le courage de tuer le rêve et commente la beauté supposée des feuilles de bristol jaunies et vides. "De nouveau, ses yeux éteints s’illuminèrent. Je sentais à la caressante pression de ses doigts que c’était toute son âme qui se confiait à moi. Jamais je n’oublierai la joie de cet homme." Ou comment une vraie misère - la cécité - rencontrant un vice - le mensonge - peut rendre un homme heureux. Le bonheur est décidément chose bien complexe.


Lu dans:
Stefan Zweig. Die unsichtbare Sammlung. La collection invisible. 1922. Publié en français dans le recueil intitulé La Peur. Traduit par Manfred Schenker. http://www.wikilivres.ca/wiki/La_Collection_invisible

18 décembre 2016

Ecoute, ne vois-tu rien venir?

"Il existe autant de sortes de silence qu'il y a de mots".
        Marc de Smedt

Le silence n'a pas la même densité si on est seul, à deux ou à vingt mille. S'il meuble une complicité ou prolonge une querelle. S'il est choisi, habité par les multiples bruits du bonheur, s'il s'impose comme une évidence à l'écoute d'un brame, d'une musique, d'un poème, s'il nous plonge en nous-même ou nous transporte vers l'infini. Il est précieux et si vulnérable qu'on dit qu'"un ange passe" quand à table la saveur des plats l'emporte sur les échanges, créant un court moment de partage presque monacal durant lequel seules les papilles communiquent. Un rieur rompt rapidement le charme par une vanne plus ou moins fine, tuant l'ange en vol. Le silence serait-il un danger qu'on s'en échappe si vite? Je l'apprécie particulièrement à la fin du jour, me lavant des bruits du monde pour pénétrer frais dans la nuit. Ce silence-là est du concentré de vie. 

17 décembre 2016

Le fantôme de Guernica

"Aucun pays du monde ne procure autant d’avantages à ses habitants que le fait Alep.
Dans cette ville se trouve rassemblé tout ce que tu peux désirer. Visite-la donc, c’est un bonheur de s’y trouver. "
        Abou’lfath Cachâdjem.
"Ou bien l'ai-je rêvée?
Suis-je arrivé?
Est-ce là ma ville?
Ces gens sont-ils miens
ces lumières-là ma maison
et ces stèles mes tombes?
            Chawqi Baghdadi

Se trouvera-t-il un Picasso pour immortaliser l'horreur d'Alep, et l'image de ses enfants, "leur manière de gambader dans le chemin à aubépines, leurs jambes grêles qui s'évanouissent dans la pluie des taches claires des papillons ; puis je les vois sauter dans les vagues ... Quelle entaille profonde creuse en nous ces étés passés. Saisons de voitures vides garées le long des vergers ... Je m'enivrais au milieu de ma vie de cette plénitude familiale. Le soir, dans l'accalmie, je contemple de longs sillons argentés qui parcourent la mer, et je pense à eux. Oui, cela a donc bien existé." (J-P Amette)


Lu dans:
Chawqi Baghdadi. Calme du soir. Les Poètes de la Méditerranée. Gallimard Poésie. 2010. 955 pages. Extrait p.183
Jean-Pierre Amette. Journal météorologique. Ed des Equateurs. 2009. 155 pages. Extrait p.89

16 décembre 2016

Préparer une fête intérieure

"Le temps est venu de présenter au grand jour l'œuvre d'une vie de patience. Alors que je mettais un point final à ce livre, une phrase, un soir, est montée doucement à ma conscience : «En accord avec soi.» On ne saurait mieux dire.
                François Cheng


A la lumière de ma lampe de bureau dans le cabinet silencieux, je contemple la marqueterie du vieux meuble qui a entendu malgré lui tant de tourments. Il a cent ans, a connu deux médecins et des milliers de patients s'y sont assis. Ce n'est qu'un objet, mais une étrange paix s'en dégage, comme s'il absorbait les misères humaines en se laissant caresser. Il donne envie de créer quelque chose de beau, de lent, de silencieux, qui coûte en temps et en énergie, une musique si on est musicien, un texte si on est poète, un banc si on est menuisier, une jarre si on est potier, une vasque fleurie si on aime les fleurs ou une toile si on est peintre. Le contraire d'un achat, si vous voyez ce que je veux dire, mais un projet qui nous reconstruise, propre à rassembler les miettes de notre puzzle intérieur éparpillé par les secousses de l'existence. Créer quelque chose de beau pour terminer "en accord avec soi", quelle belle thérapie.  



Lu dans:
François Cheng. Et le souffle devint signe. L'Iconoclaste. 2014. 134 p. 

15 décembre 2016

La vie en un visage

"Un visage
Reconnu
Entre tous
Désormais
unique."
     François Cheng.

Il y a dans cette re-connaissance une notion de réciprocité, chacun devient unique pour l'autre. Et de durée, dans ce visage lisse qui va progressivement devenir le paysage d'une vie avec ses ravines, ses clairières, ses bosquets de joie et de souffrance, reconnaissable entre tous puisque c'est aussi notre existence propre qu'on y contemple. Le visage aimé est l'endroit où on se sent chez soi.


Lu dans:
François Cheng . Le long d'un amour. Arfuyen. 2003. 85 pages.

14 décembre 2016

America Ltd

« Il n’y a pas d’alliés éternels, ni d’ennemis perpétuels, rien que des intérêts, éternels et perpétuels »
         Henry Palmerston, Premier ministre britannique en 1848.

La Trump Organization Ltd lance une OPA sur les Etats-Unis, une équipe de milliardaires en prend les rênes. Il n'y aura pas de conflit d'intérêt, (r)assure son patron. Plus inquiets qu'amusés, on assiste à ce burlesque spectacle, se pinçant pour y croire.  

13 décembre 2016

Sagesse de l'artisan

« J’appelle société conviviale : une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes et d’experts. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil, lequel accepte plusieurs utilisations, parfois détournées du sens originel, et permet donc l'expression libre de celui qui l'utilise. Avec une machine, l'homme devient serviteur, son rôle se limitant désormais à faire fonctionner une machine construite dans un but précis. L'outil convivial est maîtrisé par l'homme et lui permet de façonner le monde au gré de son intention, de son imagination et de sa créativité. C'est un outil qui rend autonome et qui rend capable de se charger de sens en chargeant le monde de signes. C'est donc un outil avec lequel travailler et non un outil qui travaille à la place de l'homme."
                    Ivan Illich

Il enchante le bois comme le sculpteur exalte la pierre. Une fenêtre qui n'ouvre plus nous plonge dans un abîme de perplexité. Appelé au secours, il commence par ausculter longuement le mécanisme de la serrure, se met à ensuite à l'écoute du bois, le frôle de la main, tâte où se trouve la résistance. Il cherche deux rondelles et un tournevis qu'il va utiliser successivement comme un petit marteau, puis comme un levier et finalement comme un tournevis. Il termine en gratifiant le bois de deux gouttes d'huile, comme on nourrirait un oisillon apeuré. J'admire l'artisan, dont l'intelligence se trouve autant dans la tête que dans les mains, et chez qui la réflexion débouche aussi rapidement sur une transformation concrète de la réalité. 


Lu dans:
Ivan Illich. La Convivialité. Seuil. 1973. 162 pages. Extrait p.13 

11 décembre 2016

Plénitude

Tityre, dans l'ombre d'un hêtre touffu tu te reposes, bercé par le chant d'un pipeau.
"Assis sur l'herbe dans la volute d'un cigarillo
oubliant les écrans pour mieux t'hypnotiser
du vol des vautours par-dessus les ancolies
tu te reposes dans les champs
loin de l’espace turbulent
assoupi sous les étoiles
un petit chien blanc te léchant le visage."
         librement adapté de Virgile, Dylan et Tesson, placés côte à côte

Moment de plénitude, où se retrouvent dans une étrange complicité trois artistes qu'éloignent le temps et l'espace. Que ne donne-t-on pour connaître pareils instants? Je m'assoupis un jour sur une pelouse dans le jardin chinois de Singapour. Pareille chose ne m'était plus arrivée depuis une vingtaine d'années, mangées par un cursus d'études laissant peu de place à la rêverie, puis par une entrée en médecine sans s'autoriser de flânerie. Etaient-ce la sérénité du lieu, l'éloignement de mon environnement de vie habituel, la douceur de l'air ou de l'herbe? Je me réveillai au paradis. La musique du monde et ses contingences ne mirent guère longtemps à me ramener sur terre, sans que j'aie à m'en plaindre. Mais l'intensité de l'expérience demeure vivace vingt ans plus tard, jamais vraiment reproduite en raison de ces liens ténus qui plus jamais ne nous lâchent tout-à-fait: le smartphone, les messages SMS aux proches, les whats'app, le wifi qui enserre la planète, le JT de la Une sur TV5Monde nous apportant le clapotis des nouvelles nationales. Qu'aurait chanté Virgile de nos jours?

Lu dans
Virgile. Les Bucoliques. 1; 1-5 (Tityre, dans l'ombre d'un hêtre touffu tu te reposes, bercé par le chant d'un pipeau..)
Sylvain Tesson. Sur les chemins noirs. Gallimard. 2016. 144 p. Extrait page 26. (Assis sur l'herbe..)
Bob Dylan. Jokerman. 1983. (Tu te reposes dans les champs..).

Etincelle de légende

"Où as-tu été, mon fils aux yeux bleus?
Où as-tu été, mon cher petit?
J'ai trébuché sur le bord de douze montagnes brumeuses,
J'ai marché et rampé sur six chemins tordus."
                Bob Dylan. A Hard Rain's A-Gonna Fall.

Mandatée par Bob Dylan à Stockholm pour y recevoir son prix Nobel, Pattie Smith entonne A Hard Rain's Gonna Fall. A mi-course, un trou de mémoire et l'émotion l'interrompent, avant de se reprendre ovationnée par la salle conquise. Faiblesse inattendue dans un décorum séculaire, l'humain a repris ses droits sur le décorum. Amnésie émouvante, transformant ce qui devait être un grand moment en un morceau de légende.




09 décembre 2016

Rêve en cloches

"C'est grâce à la beauté qu'en dépit de nos conditions tragiques nous nous attachons à la vie. Tant qu'il y aura une aurore qui annonce le jour, un oiseau qui se gonfle de chant, une fleur qui embaume l'air, un visage qui nous émeut, une main qui esquisse un geste de tendresse, nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée."
                  François Cheng

Me revient le souvenir d'une patiente, saturée d'années, ne se mouvant plus guère, assoupie à table sur ses bras à l'écoute de l'angélus de la collégiale toute proche. Je la sort de son rêve à regret: "je voyageais dans mon enfance, et c'était beau." L'enveloppe usée ne résiste guère au voyage intérieur, et la beauté de ces songes vaut bien des anesthésiques.


Lu dans:
François Cheng. Oeil ouvert et coeur battant : comment envisager et dévisager la beauté. DDB. 2011. 87 pages.

08 décembre 2016

"Au pied de l'échafaud, il s'adressa à l'officier : " Pourriez-vous m'aider à monter ? Pour la descente, je me débrouillerai."
        Thomas More (1478-1535)


Lu dans:
Charles Pépin. La planète des sages. Encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies. Dargaud. 2011. 121 pages. Extrait p.83.

07 décembre 2016

Les juges intègres

« Justice must not only be done, it must also be seen to be done.
Il faut que la justice soit rendue, et perçue."
                Célèbre jugement anglais de 1924, qui fit autorité s’agissant de l’impartialité de ceux qui rendent la justice.


05 décembre 2016

Le ciel permet de connaître la Terre

"Il y a deux mille trois cents ans et des broutilles, le 21 juin, un homme calcula avec une juste approximation la mesure du méridien terrestre. Il obtint la circonférence de la planète. Sa méthode, que je reconstitue ici grossièrement, me touche. Il fut le premier à introduire le terme de «géographie» pour la description du sol terrestre. Il proposa, et on l'écouta, de compter le temps sur la base des Jeux olympiques. Il inventa une méthode de calcul des nombres premiers. Il s'appelait Ératosthène (275-195 av.J.C.) , natif de Cyrène. Il dirigea la bibliothèque d'Alexandrie, le centre méditerranéen de la connaissance de l'époque. Le 21 juin, jour de solstice, quand le Soleil est le plus à pic dans notre hémisphère, il mesura l'ombre de deux perches glissées dans deux puits éloignés l'un de l'autre de nombreux milles calculés avec précision. La différence d'angle multipliée par la distance certaine entre les deux puits lui fournit la mesure de la planète. Le ciel permettait de connaître la Terre."
                Erri de Luca

L'espace d'un instant, j'imagine Eratosthène déjeunant, avec sa meuf et ses mômes, remontant sa rue pour de menues emplettes, discutant du temps qu'il fait avec ses voisins. Aucun d'eux ne devine tout ce qu'il a découvert, peut-être même le trouvent-t-il étrange, limite demeuré. Mais ce ne sont que pures suppositions, bien sûr. Les trésors que cachent nos proches, qui les voit?

Lu dans:
Erri de Luca. Paolo Sassone-Corsi. Le cas du Hasard. Escarmouches entre un écrivain et un biologiste. Traduit de l'italien par Danièle Valin. Arcades Gallimard. 2014. 98 pages. Extrait pp 76 77

L'image de l'image

 "Clément nous a décrit hier les différences de costume du St Nicolas vu à Namur ce matin et aux Baladins après-midi, et conclut avec perspicacité: "il y en a qui se déguisent, parce qu'il ne peut pas être partout à la fois, et il y a un vrai, mais on ne sait pas lequel c'est"
                 Sagesse des enfants

Partageant l'anecdote à une jeune patiente, déléguée commerciale d'une firme de pub pour qui l'image de soi prime, - image léchée d'une firme créatrice d'autres images de firmes -,  je l'entends répondre: "parfois je me demande si je ne suis pas aussi un faux Saint Nicolas." Délicieux. 

03 décembre 2016

C'est l' facteur

"Internet est une invention géniale, mais. Le piège est dans la gratuité. Imaginerait-on le facteur nous amener le courrier gratuitement, sans même de timbre, qui nous dirait « c’est gratuit… mais, en échange, vous me laissez fouiller partout, dans vos placards, dans tous vos papiers, dans toutes vos affaires » ? Je pense qu'Internet connaît mieux ma femme que moi. "  
         Christophe Alévêque


Lu dans :
Christophe Alévêque. La société évolue, le cancer aussi. Le Soir 5 décembre 2016. p.38

02 décembre 2016

Etincelle

« A la quatrième volée de marches, Lila eut un comportement inattendu. Elle s’arrêta pour m’attendre et, quand je la rejoignis, me donna la main. Ce geste changea tout entre nous, et pour toujours. »
        Elena Ferrante.

Les événements fondateurs sont souvent inattendus, et d'une grande modestie. Un patient octogénaire, poseur de toitures, tomba un jour au travers de la véranda d'une cliente. Il l'épousa et vécut heureux avec elle un demi-siècle.


Lu dans:
Elena Ferrante . L'amie prodigieuse. Gallimard. 2015. 448 pages