Quand on lui a demandé :
Qu’est-ce que l’espoir,
il a dit « Le rêve d’un homme réveillé »
Aristote (384 av. J.-C. – 322)
Étrange impression: le grand corps malade paraît s'assoupir avant la
fête, soudain le téléphone sonne moins, les patients semblent s'excuser
avant d'entrer, promettant de faire bref. Ultimes prescriptions d'une
année qui fut riche en joies, en inquiétudes et en souffrances. Un
labeur de fourmi qui, une année de plus, fut mon bonheur. Je peine à
reconnaître le visage de cette médecine qui a tant évolué en l'espace
d'une existence, j'apprécie les potentialités de guérison qu'elle nous
apporte au quotidien. Il est raisonnablement permis aujourd'hui
d'espérer une vie sans connaître la souffrance incontrôlée,
l'étouffement des grandes crises d'asthme nocturne, les grandes
mutilations chirurgicales, les délabrements des membres gangrenés. Et
quand la médecine n'en peut plus, on peut aussi mourir en paix si on le
souhaite, sans qu'on vous l'impose ni l'interdise. J'aime les rues de
mon village dans la ville s'éveillant le matin quand ma tournée
commence, et la paix de mon bureau quand le dernier patient en referme
la porte. Les soirs comme aujourd'hui, on y entend l'écho d'une douce
musique, l'espérance rendue à ceux qui l'ont perdue et qui transforme
une vie.
Je vous souhaite une bonne année 2016.