"Nous restâmes silencieux auprès du brasero, tard dans la nuit. Je sentais de nouveau combien le bonheur est une chose simple et frugale: un verre de vin, une châtaigne, un misérable poêle, la rumeur de la mer. Rien d'autre. Et pour sentir que tout cela c'est du bonheur, il ne faut qu'un cœur simple et frugal."
Nikos Kazantzakis
Relisant Zorba, j'entends distinctement les cigales, le crépitement des
bûches qui rougeoient, le murmure de conversations à mi-voix comme s'il
ne fallait pas rompre le charme de la nuit. Une guitare traîne sur le
sol, épuisée. Demain notre groupe se disloque, l'aventure fut belle, on
reprend chacun sa route. L'un de nous fredonne du Joe Dassin où "on se
quitte tout doucement / sans penser à demain / à demain qui vient
toujours un peu trop vite / aux adieux qui quelquefois se passent un peu
trop bien." C'était le bonheur, en avions-nous conscience, ce bonheur
qui nous est donné par surcroît au terme d'une aventure, d'un projet ou
d'une route, l'accomplissement d'un vécu bien avant d'être un but. Ces
images simples nous construisent sans que nous nous en apercevions, un
vrai trésor de guerre bien utile quand viennent les années.
Lu dans:
Nikos Kazantzakis. Alexis Zorba. Robert Laffont, 1960, 391 pages
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