« Ô David! c'en est fini pour moi des demeures. J'habite chez ceux dont le coeur est brisé.»
Sohravardi (philosophe mystique perse, 1155-1191). La Langue des fourmis.
"Dans son bouge misérable de la rue Haute, la vieille Belleke raconte sa vie en quelques phrases. Une vie de misère qu'elle raconte avec fierté. C'était sa vie. Elle n'en avait pas d'autre. Personne ne l'obligerait à éprouver de la honte. Son café du matin, elle le chauffe à la bougie dans sa tasse en métal. Ce qu'elle fit devant la caméra avec un sourire, vêtue très correctement de vieux lainages. Le portrait qu'a fait R. en quelques minutes de Belleke en a fait une sainte au regard doux et perçant. Son regard ne me quitte pas."
André Dartevelle
Je me retrouve "chez moi" en lisant cette belle description de Belleke. Elle se place en filigrane de Molleke, qui elle possédait un bec à gaz mais l'utilisait les jours d'hiver pour se chauffer. Se chauffer est un des marqueurs essentiels de la pauvreté, évoquant tant de visages démunis habités pourtant d'une belle lumière.
Lu dans :
Chantal Dellicour transcrit André Dartevelle. A quelle fête? Cantare. 2014. 30 pages. Extrait p.19
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