«Chaque voix humaine est unique. Elle est notre visage sonore.
Delphine Salkin
Youssef. Je ne l'ai entendu au téléphone depuis plusieurs années, il est
de passage à Bruxelles et souhaite consulter. A sa surprise, je le
nomme avant qu'il se soit annoncé, et lui demande comment cela se passe
dans sa lointaine Algérie. Une vie de labeur défile en un instant, la
mort de l'épouse, l'infarctus nocturne un soir de surcharge, l'ambulance
et l'échelle des pompiers dans la petite rue proche du canal, la crise
de nerfs de la locataire du premier au passage du lit au bout d'un filin
devant sa propre fenêtre, la longue convalescence et le retour au pays
lointain de ses origines. Le timbre d'une voix survit au silence et ne
s'oublie guère. En quelques secondes, ce sont des images, des parfums,
des sentiments et la bande sonore d'une vie qui ressurgissent, l'état de
santé et le moral du moment, et par-dessus-tout l'énorme surprise de se
savoir reconnu comme unique et important. La voix humaine est un
paysage.
Lu dans :
Delphine Salkin. Intérieur Voix. Rideau de Bruxelles.
Delphine Salkin, la voix cassée. Catherine Makereel. Le Soir du 24 novembre 2014.
En 2001, alors qu’elle joue la déesse Athéna dans L’Orestie, Delphine Salkin sent soudain sa voix se briser sur le mot « loi ». Sur scène, personne ne remarque rien, et pourtant cette cassure la privera de sa voix pendant des années.
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