Noémi à mal au ventre. Elle a aussi mal à la tête et ne s’endort que
difficilement. Ses nuits sont peuplées de gnomes et d’ombres hostiles qui se
réfugient derrière les tentures de sa chambre. Sa maman pense qu’un léger
sédatif ferait l’affaire et s’inquiète d’une baisse de ses résultats scolaires.
Noémi hoche la tête, regrettant le papa qu’elle n’a jamais eu, la maison
peuplée d’animaux comme dans Martine à la campagne, le grand frère
confident dont elle a fait son deuil.
L’examen clinique est banal, Noémi paraît s’excuser de me causer du
souci en descendant de la table d’examen. Je prescris un poisson rouge, dont
elle serait la seule responsable et qui prendrait place sur la table de nuit à
défaut du chien qu’elle souhaite depuis toujours. Un long échange avec la maman
me fait endosser le rôle d’avocat de la gent canine, sans vraiment la
convaincre. Chacun se quitte, heureux d’avoir pu dépasser la fonction
initialement attribuée en pareille circonstance: le sédatif pourra attendre.
Je reconnais la voix de Noémi au téléphone, interrompant ma
consultation : « C’était pour vous dire que le chien est arrivé et que
j’ai bien dormi, merci beaucoup. »
Je souris au vieux patient qui me fait face et qui a surpris des bribes
de conversation: tout le bonheur du monde prend parfois la forme d’une petite
fille en robe rouge qui promène son fox terrier sur le chemin.
Zénon .
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