"Passe la jeune monitrice de la plage. Elle est avec l'enfant. Il marche un peu à côté d'elle, ils vont lentement, elle lui parle, elle lui dit qu'elle l'aime, qu'elle aime un enfant. (..) Elle lui dit qu'il se souviendra toute sa vie de cette soirée d'été et d'elle. Elle lui dit que lorsqu'il aura dix-huit ans, s'il se souvient de la date et de l'heure du 30 juillet, minuit, il pourra venir, qu'elle y sera. Elle lui dit de bien regarder, ce soir, les étoiles, la mer, la ville là-bas, tous ces bateaux de pêche, ces bruits, écoute, que c'est l'été de ses six ans."
Marguerite Duras. Un été 80.
Lundi soir, aux Riches Claires, Monique Dorsel lisait Duras. L'histoire dépouillée d'une jeune fille et d'un enfant, d'un amour fugace sans avenir comme un être humain peut en rencontrer dans sa longue trajectoire, d'une pureté et d'une impossibilité absolues. On ne sait qui de Marguerite Duras ou de Monique Dorsel portait davantage la mélodie des phrases, peu importe quand survient l'instant magique d'un texte qui prend vie. On sort plus lumineux de pareille soirée.
Lu dans:
Marguerite Duras. L'été 80. Les Editions de Minuit. 1980, 2008 (Collection Double) . 103 pages. Extrait pp 36-37
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