15 septembre 2010

La force des fêtes

"Le vent d'automne souffle
nous sommes en vie
et nous pouvons
nous regarder l'un l'autre
vous et moi."
Shiki (XVIIIème siècle)


Hier encore, je les laissais comme morts, au fauteuil, au lit, scotchés à leur aérosol. Ce matin, c'est tout un petit monde d'âges divers qui descend notre boulevard vers les rues du centre encombrées de bétail, de bateleurs et de chalands. Appuyés sur leur canne, en chaise roulante, ou en couples amarrés l'un à l'autre, le plus voyant soudé au plus faible, c'est toute une humanité qu'on n'aperçoit jamais au grand jour qui tout-à-coup réapparaît pour une pleine journée. Ils font des rêves de bière à grand collet de mousse, de tartes à la frangipane, de boudin noir et de beignets. Ce jour sera un jour de négation totale des régimes, du bénécol et du bécel, la vie est ainsi: un jour de gras, vingt jours de maigre au diable la médecine. Tout ce qui marche à deux ou quatre jambes, qui rampe, qui avance en se racrapotant forme comme une espèce de longue chenille que rien ne paraît pouvoir arrêter ce mardi de braderie à Anderlecht. Demain il sera encore temps de retrouver les bouillottes et les coussins chauffants.
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