12 juillet 2009

Une toux guère innocente

"Je ne resterai jamais dans une salle d'où je ne peux pas sortir !"
G. Banu

Que n'a t-on dit sur le silence durant une représentation. Récemment je fus abasourdi par la virulence d'une altercation entre une spectatrice tousseuse et une voisine de balcon au Bozar, incapable de départager le droit inaliénable d'une asthmatique d'assister à une finale du Concours Reine Elisabeth et d'une mélomane à l'ouië (trop?) sensible. Quoique. Le symptôme d'ennui n'est-il pas dans ces toux éparses, ce frémissement gêné... Les applaudissements, protocole respecté, ne sauront pas effacer les indices inquiétants fournis par le comportement du public. Ils sont repérables. Lisibles. Subtile réflexion que développe Georges Banu dans Le Monde ce samedi, qui ne clôt guère le débat.  "L'homme de théâtre ne fustige rien de plus que le spectateur qui quitte une salle au point même d'élaborer une fois encore des stratégies à même de juguler les hémorragies prévisibles. La suppression de l'entracte s'explique, parmi d'autres, par de pareilles craintes aussi. A-t-on droit de partir ? Etant jeune, dans une salle bondée, je me souviens d'un vieux metteur en scène respecté que j'ai vu se lever, lorsqu'il a appris que, selon les coutumes de l'avant-garde des années 1960, les portes du théâtre étaient fermées. En se retournant vers nous, il cria : "Je ne resterai jamais dans une salle d'où je ne peux pas sortir ! Il y a des modes violents ou discrets pour quitter une salle, mais ce départ doit toujours rester possible. A-t-on lu tous les livres jusqu'au bout ? (..) Une question : pourquoi part-on toujours en couple ? Est-ce signe de fusion ou de soumission ? "

Lu dans
Silence amoureux et départ volontaire, par Georges Banu. 11.07.09. Le Monde. Georges Banu est critique théâtral, auteur de "Miniatures théoriques" (Actes Sud, 144 pages, 22 €). 

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