21 octobre 2008

La vie comme on la perd, comme on la gagne

"On perd sa vie à la gagner."
 
La fin du dernier roman de Sylvie Germain "L'inaperçu"  raconte la renaissance de Pierre Ephrem, le visiteur Père Noël aux "yeux d'une couleur étrange, gris argenté, comme ensoleillés de lune",  "aux yeux comme des flaques de pluie avec du soleil dedans". Pour la première fois de son existence, se promenant dans un paysage de lumière et de beauté "il est dedans" et non plus dehors. Il s'est posé et renaît à lui-même et aux autres. Je revoyais en filigrane une émission d'Arte, glanée il y a plusieurs années, narrant le voyage initiatique dans le Midi d'un homme d'âge mûr largué par son entreprise et désespéré. Aux portes de la retraite il redécouvrait soudain le vol d'un papillon, le chant d'une alouette, l'odeur des blés coupés, de la terre chaude qui s'endort après le coucher du soleil. "C'est curieux comme on oublie l'existence de ces choses-là quand on travaille" confiait-il. Pauvre et riche, un cabanon, une miche, des couleurs pleins les yeux. La vie qui s'écoule à nouveau lentement, fraîche entre les doigts, toutes choses essentielles qu'on considérait parfois accessoires. N'oubliez pas aussi d'aimer, aurait ajouté soeur Emmanuelle, qui semblait s'y connaître en jouissance de l'existence si on en croit l'excellent JT que France2 lui consacrait ce soir. Le bonheur, mode d'emploi, est un programme qui reste décidément à élaborer. 
 
  
Lu dans :
Sylvie Germain. L'inaperçu. Albin Michel. 298 p. extrait p.293

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