«C'est par le vide entre deux bûches que le feu brûle »
M. Jourdan
Je découvrais hier dans Pierre Rabhi que « la plus grande mutilation que l'on puisse faire à l'homme, c'est de le priver de toute insécurité », et ces phrases « gravées sur un bâton » de Michel Jourdan y trouvent un bon écho. La recherche du sens dans la privation volontaire est une quête éternelle.
« J'apprends déjà à aimer autant le froid que le chaud, à tout accueillir de la nature, à accepter le danger du serpent, le vieillissement, l'usure, la fatigue, la faim et l’impermanence. Puis toute la soirée des pommes cuisant près du feu une journée dans la montagne ni plus ni moins. »
Aussitôt qu'il l'a pu, il y a quinze ans de cela, Michel Jourdan est allé vivre dans une haute vallée des Pyrénées près du brouillard et des pierres et a commencé de gratter le sol pour en tirer une subsistance, s'éclairant au pétrole ou à la bougie sous le toit percé d'une ruine, se chauffant du bois mort qu'on peut ramasser dans les bois. D'avril 1973 à mars 1976, quittant la Provence natale pour le silence la solitude et la terre de la Haute Ariège, il y écrit ces quelques bouts de phrase parmi bien d'autres. Comme le résume joliment YVES BONNEFOY, « il écrit en marchant ou en travaillant son arpent de terre ingrate et de ciel, par bribes d'observation qui raniment, dans quelques mots rassemblés, tisons de notre absolu, un peu de la flamme du monde. »