"Essaie de voir naître le moment où se fait le passage
Pour cela les oiseaux t'aideront car eux ils savent."
Guillevic. Possibles futurs. (*)
C'est l'histoire d'un village, mécontent de son entrée, qui décide d'inviter un sculpteur. Cet homme connu et apprécié observe longuement le paysage, inspecte les alentours, se promène dans les ruelles, écoute chanter la rivière et accueille les premières hirondelles. Quelques matins plus tard il se fait livrer un énorme bloc de pierre. Le lendemain, tous les habitants du village sont là, admiratifs pour le voir manier ses outils, après une semaine ils ne sont déjà plus que quelques badauds et quinze jours après ils ne sont plus personne à le regarder travailler. Personne sauf un enfant qui l'observe en silence. Lorsque après plusieurs mois de travail et de patience l'oeuvre est inaugurée, un magnifique cheval trône à l'entrée du village. L'enfant l'observe , et rompt enfin son silence : "Dis monsieur, quand tu as vu le gros bloc de pierre, comment savais-tu qu'il y avait un cheval dedans? " (*)
Belle allégorie pour l'an neuf inauguré ce matin. Il cache un cheval, et bien d'autres choses qui nous sont propres à chacun. Rude tâche que d'en découvrir les contours en les créant patiemment jour après jour. Rien ne préexiste, les pages à écrire sont vierges, à l'encre sympathique. L'avenir n'est ni préécrit ni redondant, comme on aime parfois nous le faire croire. Je vous souhaite un beau cheval.
(*) Citation et conte repris au superbe livre de mes amis Cécile Bolly et Michel Vanhalewyn (avec Véronique Greandjean et Serge Vidal, que je ne connais guère) "L'éthique en chemin", Weyrich Edition, 2004, 264p. Le conte a été un tantinet réécrit pour se mouler au modèle de ces billets Entre café et journal (une page écran): Cécile me le pardonnera j'en suis sûr.
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