1er avril 2002
Arrivée avec Danièle et Jean-Pierre au gîte rural de Bacqueville. Petite maison ancienne restaurée et aménagée selon le confort actuel. Ensemble agréable, un petit jardin, un pré avec deux poneys sympathiques et poilus. Journée de Pâques en Normandie. J'aurais voulu me trouver un moment à une messe de Pâques comme autrefois ou au moins dans une église. Le sort en a disposé autrement. Je me suis fortement : cogné au coin d'une table basse en verre. Pendant que Danièle et Jean-Pierre allaient chercher dans une pharmacie de quoi me soigner, je voulais donner un peu de pain et de sucre aux poneys. J'ai très vite senti qu'il me fallait renoncer à la promenade. Je me suis assis bien couvert dans les terribles fauteuils en plastique blanc d'aujourd'hui et j'ai écouté le chant des oiseaux. Je m'avise en écrivant que, sans me le formuler alors, j'ai passé ainsi une heure dans l'église des oiseaux. Elle existe toujours et la parade amoureuse du petit peuple ailé est toujours aussi alerte, toutes les forces de ces corps vifs et menus tendus à l'extrême par le chant. Pourtant, très vite ils s'envolent pour se poser ailleurs donnant une impression d'aisance, de vivacité, à l'opposé de l'effort que semble faire entendre l'acuité de leur chant. Ainsi j'ai passé un long moment à les entendre, à tenter de les voir, de les reconnaître. Moment non pas de bonheur mais moment de présence. D'un côté le moi, un peu douloureux, appesanti et de l'autre quelque chose qui m'habitait, qui produisait en moi quelque vivace équivalence des chants que ma demi-surdité ne capte plus dans leur naturelle innocence. Sans ailes bien sûr, toujours sans ailes, j'ai pris part à la célébration des oiseaux.
Henry Bauchau . Le présent d'incertitude.
Je vous souhaite une bonne fête de Pâques
CV.
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