"Je me serai souvent tenue derrière les fenêtres. L'hiver, avec des enfants encore petits, juchés sur une chaise, appuyant leur bouche au carreau pour y faire fondre le givre. Au printemps, c'était pour suivre le vol d'une hirondelle.
Mais ce que j'aime avant tout c'est ouvrir toute grande une fenêtre. De préférence, sur des arbres ou une prairie. De mes deux poings, pousser les volets sur le printemps revenu. Arbres. Écureuils. Balcons. Cerises aux oreilles des enfants. Ne me quittez pas.
Le jour est revenu. Avec lui, non pas forcément le bonheur ou la joie de vivre. Mais la vie. Simplement la vie. La conscience absolue d'être en vie.
Avec l'aube reviennent les cloches. Le chant d'un coq. L'aboiement d'un chien. On entend la campagne qui s'éveille. Les sons d'une vie bien plus ancienne que la nôtre reviennent à notre mémoire. On entend résonner un marteau sur une enclume. Pourtant, ce bruit n'existe plus, même dans nos villages. Il vient de notre enfance ou d'une autre vie. Mais, dans cette vie-là, j'entends encore le marteau d'un charpentier. Et c'est un son qui me remplit de joie. Je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être parce qu'il me ramène à des gestes simples. Construire. Bâtir. L'opposé de la guerre.
Avec le jour qui se lève, ces bruits que j'aime me donnent du courage. Curieusement, ils produisent du sIlence. Concerto pour le jour qui se lève. "
Françoise Lefèvre. Se perdre avec les ombres. Editions du Rocher 2004.
Ouvrir toute grande la fenêtre d'une année qui commence, c'est tout le bonheur qu'on puisse se souhaiter en ce moment de l'année, où "on porte en soi tous les rêves du monde" comme l'écrivait le poète Alvaro de Campos.
Je vous souhaite sincèrement une bonne année 2007
CV.
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