La sagesse a ses excès
et n'a pas moins besoin de modération que la folie.
Montaigne
La sagesse a ses excès
et n'a pas moins besoin de modération que la folie.
Montaigne
"Quand tu auras désappris à espérer, je t'apprendrai à vouloir."
Senèque.Lettre à Lucilius.
faims
besoin de boire
soif
besoin de manger
faim
besoin de repos
fatigue
besoin de drogue
manque
besoin de chaleur
froid
mais besoin de rêves?
Denis Heudré
"Et si le temps gagné par l'entremise de la vitesse était inutilisable pour le bonheur?"
Denis Grozdanovitch. Petit traité de la désinvolture.
C'est un peu comme du Proust à l'envers, "à la recherche de la perte du temps gagné",
avec à la clé l'invention des distractions les plus niaises pour en venir à bout.
"Si je recommençais ma vie, je tâcherais de faire mes rêves encore plus grands ; parce que la vie est infiniment plus belle et plus grande que ne n'avais jamais cru, même en rêve."
Bernanos
Comment ne pas évoquer le violoniste virtuose Ivry GITLIS, ambassadeur de l'Unesco, qui préconise - "si on veut ramener de gros poissons - de partir à la pêche avec de gros filets. Qui part avec de minuscules filets ne ramènera que de minuscules prises" car la vie ne se compte pas en respirations, mais par les moments qui tont coupé le souffle.
La complainte de l'ange fatigué,
de l'oiseau blessé
et de l'amoureux éconduit :
Comme ils sont longs,
Les jours,
Sans ailes.
Gilda Fiermonte. La vie sans ailes
Le hasard de mes rêves cette nuit , un peu agités sans doute suite à la délicieuse soirée passée avec les enfants et leurs beaux hier soir, ma fait croiser et recroiser tout au long de la nuit un curieux bonhomme sans âge qui portait un drôle de nom, de consonance étrangère mais dont je me souviens parce quil le prononçait à voix basse , tout seul : Wibenictoch. A un moment jai cru me reconnaître sous ses traits, mais je me suis aperçu que cétait mon propre reflet dans la glace. La réalité nous joue bien des tours, nous fait des farces comme on dit à Bruxelles. Saurai-je jamais qui il est vraiment, mais sait-on jamais qui on est vraiment ? Le plus mystérieux est sans doute quappartenant au monde du rêve je ne suis pas sûr dencore le rencontrer un jour, puisque que rien ne laisse supposer quil ait jamais existé. Revoit-on jamais un fugace reflet dans une glace? Le seul nom à consonance étrangère demeure, et je me plais à le prononcer pour moi seul, à voix basse.
"Ciel léger ce Vendredi, libre lumière. Une belle journée de Février, et le soir au retour une giboulée.
Le printemps se retient, se concentre, se devine."
Jacques Chanaz
"Du jour où je parvins à me persuader que je n'avais pas besoin d'être heureux, commença d'habiter en moi le bonheur ; oui, du jour où je me persuadai que je n'avais besoin de rien pour être heureux. Il semblait, après avoir donné le coup de pioche à l'égoïsme, que j'avais fait jaillir aussitôt de mon coeur une telle abondance de joie que j'en pusse abreuver tous les autres. Je compris que le meilleur enseignement est d'exemple. J'assumai mon bonheur comme une vocation."
André Gide. Les nourritures terrestres.
"En s'en allant, Geai laissait quelque chose. Elle laissait le meilleur
d'elle-même, mais peut-être le meilleur de nous-mêmes ne nous appartient-il
pas, peut-être ne sommes-nous que les gardiens d'une chose qui, lorsque nous
disparaissons, demeure."
Chrisitian Bobin. Geai.
"Y a-t-il une vie avant la mort?"
Ce titre clin d'oeil d'un articulet du Soir au sujet de la pièce "Il y a quelque chose après le Signal de Botrange", jouée à l'Atelier 210 à Bruxelles, m'a faît sourire. Aurais-je été prof de lettres, je l'aurais donné comme sujet de dissertation ce jour même c'est sûr. Je ne le suis pas, alors je m'invente mes dissert à moi tout seul, et je trouve que l'anodine phrase est bien plus dense qu'il n'y paraît.
Le 3 octobre ou le 4, me trouvant à l'hôpital de Bangor, dans le Maine, où j'étais hospitalisée depuis deux jours, et ayant subi ce matin-là un angiogramme, Jerry Wilson, arrivé de Paris deux ou trois jours plus tôt pour me soigner, et lui-même malade, me mit entre les mains l'admirable plaque de malachite que j'avais marchandée à plusieurs reprises, en 1983 et 1985 à New Delhi, pour la lui offrir, et finalement donnée le 22 mars précédent, pour son anniversaire, quand il était lui-même hospitalisé dans le Maine. Elle ne l'avait pas quitté depuis. Mais sans doute mes mains étaient faibles, ou moi-même un peu assoupie, car j'ai senti glisser quelque chose, un bruit léger, fatal, irréparable, me réveilla de mon sommeil.
J' étais bouleversée d'avoir ainsi détruit à jamais cet objet qui avait tant compté pour nous, cette plaque de minéral au dessin parfait à peu près aussi antique que la terre. De quel dépôt cent fois millénaire était-elle venue pour nous attendre deux ans chez un bijoutier hindou, puis pour passer et repasser deux fois l'Atlantique, aux mains d'un ami qui n'avait peut-être plus longtemps à vivre? De quel Himalaya, de quel Pamir? Mais le son même de sa fin avait été beau... «Oui, me dit-il, la voix des choses. » J' aurais voulu retourner en Inde pour lui retrouver une autre plaque aussi belle que celle-là. Mais j'ai décidé d'appeler La Voix des choses ce petit livre - où rien à peu près n'est de moi, sauf quelques traductions - mais qui m'a servi de livre de chevet et de livre de voyage pendant tant d'années et parfois de provision de courage.
Marguerite Yourcenar . Octobre 1985 - Juin 1987. La voix des choses . Éditions Gallimard, 1987.
La pensée d'aujourd'hui se fait clin d'oeil. On adore la Saint Valentin ou on l'exècre, c'est selon. Et si par la force de ce court texte, un moment, on élevait un peu le niveau. Ce qui unit les êtres dépasse le factuel, les phrases éculées, les symboles vulgaires. D'où vient donc que ce court texte dont les mots clé sont "malade", "vieux", "faible", "brisé" recèle tant de tendresse? Les sentiments forts s'expriment en mineures.
"Un vieil homme du nom de Chunglang, qui signifie «Maître des rochers », possédait un
petit lopin de terre dans les montagnes. Un jour, il perdit l'un de ses chevaux. Des voisins vinrent alors lui exprimer leurs condoléances pour ce malheur.
Mais le vieil homme leur demanda: « Pour quoi pensez-vous que cela soit un malheur? »
Et voilà que quelques jours plus tard l'animal revint, suivi d'une horde de chevaux sauvages. À nouveau les voisins apparurent, pour le féliciter cette fois-ci de cette aubaine.
Mais le vieil homme leur rétorqua: « Pourquoi pensez-vous que cela soit une aubaine? »
Les chevaux étant devenus très nombreux, le fils du vieil homme se prit de passion pour l'équitation, mais un beau jour il se cassa la jambe. Alors, encore une fois, les voisins vinrent présenter leurs condoléances et à nouveau le vieil homme leur rétorqua: «Pour quoi pensez-vous que cela soit un accident malheureux? »
L'année suivante, la commission des Grands Flandrins arriva dans la montagne. Elle recrutait des hommes forts pour devenir valets de pied de l'empereur et porter la chaise de celui-ci. Le fils du vieil homme, toujours blessé à la jambe, ne fut pas choisi.
Chunglang ne put réprimer un sourire."
Feuille morte
Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,
Toute matinée veut devenir soirée,
Sur terre rien n'est éternité,
Si ce n'est le mouvement, le temps qui fuit.
Même le plus bel été veut voir une fois
La nature qui se fane, l'automne qui vient.
Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid
Lorsque le vent veut t'enlever au loin.
Poursuis tes jeux et ne te défends pas,
Laisse les choses advenir sans heurts,
Laisse enfin le vent qui te détacha
Te conduire jusqu'à ta demeure.
Hermann Hesse . Eloge de la vieillesse
Je vous souhaite une bonne semaine
CV.
Elle me disait que parfois il lui arrivait de faire exécuter au patient quelques gestes ou postures, debout bras tendus ou immobile, ou penché vers l'avant ou relevant le cou et qu'alors elle se sentait dans cet instant de silence, comme un maître de danse, un sculpteur qui se concentre, se recueille, se tend, pour mieux sentir, comprendre les attaches et les muscles du modèle, et il n'y a pas de modèle laid, pas de corps laid, pas de visage ou d'oeil laid. Pas de main laide.
Jacuqes Chanaz
"Le vent froid de l'automne siffle dans les
[ajoncs desséchés
Qui blanchissent dans la lumière du soir ;
Les corneilles quittent les saules et volent vers
[l'intérieur des terres.
Un vieil homme se repose, seul sur la grève,
Il sent le vent dans ses cheveux, la nuit et la
[neige qui vient.
Depuis la rive plongée dans l'ombre il regarde
[vers la clarté,
Là-bas, entre nuages et lac, une bande
De terre éloignée brille encore dans la lumière
[chaude:
Au-delà merveilleux, règne de félicité comme
[le rêve et la poésie.
Il fIxe du regard cette image lumineuse,
Repense à son pays, aux années de bonheur, Voit pâlir l'or, le voit disparaître,
Se détourne, quitte les saules
Et marche lentement vers l'intérieur des terres."
Hermann Hesse. Eloge de la vieillesse. Biblio.
Au petit-déjeûner ce matin, je peste un moment car Le Soir n'est pas arrivé
pour participer à mon réveil comme il le fait habituellement.
Je le remplace par la lecture de quelques pages de l'Eloge à la vieillesse
d'Hermann Hesse et trouve cette belle page qui lance ma journée d'aussi
belle manière que ne l'aurait fait la lecture des petites nouvelles.
Je ne verrai pas mes vieux patients ce jour de la même manière.
Le monde entier est une scène,
Hommes et femmes, tous, ny sont que des acteurs,
Chacun fait ses entrées, chacun fait ses sorties,
Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles.
Shakespeare, As you like it
"Être petit et s'attaquer à quelqu'un de très grand est une action d'éclat.
C'est beau d'être la puce d'un lion... Le lion humilié a dans sa chair le dard
de l'insecte, et la puce peut dire : j'ai en moi du sang de lion."
Victor Hugo
Je vous souhaite une bonne semaine
CV.
"Le carré de l'hypoténuse d'un triangle droit
est égale à la somme des carrés des deux autres côtés."
Lewis Carroll (Curiosa mathematica, 1888), celui d'Alice, disait de ce théorème qu'il était aussi beau, aussi éblouissant aujourd'hui qu'à l'heure où Pythagore le découvrait. Les siècles n'en ont pas altéré la limpidité. La capacité d'émerveillement débusque la beauté dans les domaines les plus austères. Que débusquerez-vous aujourd'hui?
"Le carré de l'hypoténuse d'un triangle droit
est égale à la somme des carrés des deux autres côtés."
Lewis Carroll (Curiosa mathematica, 1888), celui d'Alice, disait de ce théorème qu'il était aussi beau, aussi éblouissant aujourd'hui qu'à l'heure où Pythagore le découvrait. Les siècles n'en ont pas altéré la limpidité. La capacité d'émerveillement débusque la beauté dans les domaines les plus austères. Que débusquerez-vous aujourd'hui?
"Que chacun se rajeunisse
dépouille vite
son âme aux cheveux gris. "
Vladimir Maïakovski. Poésie . Gallimard.
«Je dessine depuis l'âge de six ans toutes les formes qui me rencontrent. Quand j'ai eu cinquante ans, j'avais déjà publié des masses de dessins mais tout ce que j'ai fait avant soixantedix ans n'est pas digne d'être évoqué. A soixante-treize ans, j'ai commencé à saisir la vraie nature des bêtes, des arbres, des herbes, des oiseaux. A quatre-vingts ans, j'aurai fait des progrès. A quatre-vingt-dix ans, j'aurai peut-être approché le secret des choses. A cent ans, j'aurai atteint un grade de perfection qui touchera. Et à cent dix ans, tout ce que je dessinerai, ne serait-ce qu'un point ou une ligne, sera vivant. »
Hokusai Katsushika (1760-1849), peintre, dessinateur, graveur et auteur d'écrits populaires japonais. Son uvre influence de nombreux artistes européens, en particulier Gauguin et Van Gogh. Il signe parfois ses travaux, à partir de 1800, par la formule « Gakyôjin », Le fou de dessin. Il meurt le 10 mai 1849. Il laisse derrière lui une uvre qui comprend 30 000 dessins.
Ses derniers mots sont : « Encore cinq ans et je serais devenu un grand artiste. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hokusai
Les petites peines sont bruyantes et les grands chagrins muets.
Proverbe danois.
Dans ma jeunesse, je n'avais jamais connu le goût du chagrin
Mais je me plaisais à hanter de hauts balcons
Du haut desquels, pour écrire des poèmes nouveaux,
je me forçais à chanter d'imaginaires chagrins.
Aujourd'hui que j'ai bu le chagrin jusqu'à la lie
Je voudrais en parler, mais je me tais
Et si j'ouvre la bouche, c'est seulement pour dire:
«L'air est frais, quel bel automne! »
Xin Qiji (1140 - 1207, écrivain chinois)
Dans ma jeunesse, je n'avais jamais connu le goût du chagrin
Mais je me plaisais à hanter de hauts balcons
Du haut desquels, pour écrire des poèmes nouveaux,
je me forçais à chanter d'imaginaires chagrins.
Aujourd'hui que j'ai bu le chagrin jusqu'à la lie
Je voudrais en parler, mais je me tais
Et si j'ouvre la bouche, c'est seulement pour dire:
«L'air est frais, quel bel automne! »
Xin Qiji (1140 - 1207, écrivain chinois)