28 mai 2019

Impression fugace

"Il y a plus de mille photographies dispersées dans le cimetière. Le jour où toutes ces photos ont été prises, aucun des hommes, des enfants, des femmes qui posaient innocemment devant l'objectif ne pouvait penser que cet instant les représenterait pour l'éternité. [Photos saisies] un jour où ils étaient un peu plus beaux, un jour où ils étaient tous réunis, un jour particulier où ils étaient plus élégants. C'est important de mettre des photos sur les tombes. Sinon on n'est plus qu'un nom. La mort emporte aussi les visages."
                                        Valérie Perrin


Près de la tombe de mes parents repose un patient, que je salue au passage avec émotion. Sa photo sépia date de 1936, il porte béret et on devine la tente sur la moto de sa première descente vers le Midi. Il devait avoir 16 ou 17 ans, et la vie devant lui. Il était plutôt sympa, et quand il prit femme, il ajouta un side-car à sa bécane. Premiers congés payés, on touchait du doigt ce que pourrait être le bonheur et la liberté de partir deux semaines tous frais payés. Ils ne se doutaient guère que leur véhicule allait les emmener sur des routes moins insouciantes trois ans plus tard. Chaque photo est un récit de vie.




Lu dans:
Valérie Perrin. Changer l'eau des fleurs. Albin Michel 2018. 560 pages. Extrait p.44

27 mai 2019

Sourire que vent emporte


"Suzie décide de se fabriquer des sourires de papier
le sourire de circonstance
le sourire assorti à l’écharpe
le sourire des épinards crème beurk
le sourire de la photo de classe
le sourire même pas peur
et puis surtout         le sourire pour dire qu’on va bien, très bien

sauf qu’un matin         le vent emporte tous ces sourires de façade
sous la pluie     même la version      tout va bien, très bien
finit détrempée, déchirée. "
                Anne Crahay

Ah ces sourires de défense, ou l'art de se cacher en souriant, jusqu'à la main tendue qui vous souffle: je t’aime quand tu es gaie et je t’aime quand tu es triste. 



Lu dans:
Anne Crahay. Le sourire de Suzie. Ed. CotCotCot. 2019. 26 pages.

25 mai 2019

Les jeunes filles à bicyclette


 "Un jour, B se trouvait près d'un enfant de cinq ans qui était appuyé contre un arbre. Le regard dans le vide il était beau et elle l'admirait. Tournant la tête, il avait perçu ce qu'elle ressentait et il lui avait dit :
-  Toi aussi tu es belle."
                        Charles Juliet.

Dit-on encore ces choses aujourd'hui? Cette naïveté fut celle de notre enfance, illustrée par les chromos pastels du photographe David Hamilton dont même les bicyclettes abandonnées sur le côté du chemin nous faisaient rêver. Il s'est suicidé pour échapper à la justice, entraînant avec lui, et d'autres, notre regard candide sur le monde. 

Lu dans:
Charles Juliet. Gratitude. Journal IX (2004-2008). POL.  2017. 400 pages.

24 mai 2019

Gratitude


"On ne devrait prier que pour le présent. Pour lui dire merci quand il a ton visage"
                Valérie Perrin
   

Lucien a appris le braille à Valérie, avant de devenir lui-même amnésique. Des années plus tard, elle redécouvre cette phrase écrite en braille sur un morceau de papier journal par Lucien, jadis. On perd la vue, on perd la mémoire, nos insuffisances se complètent. Les signes d'affection nous survivent.
 

 
Lu dans :
Valérie Perrin. Les oubliés du dimanche. Le Livre de Poche. 2017. 416 pages. Extrait p.224

23 mai 2019

Condensé de vie


"À voir la Terre au-dessous de lui, il se laisse chaque fois submerger par ce sentiment très fort qu'elle contient toute la vie, condensée là, dans cette boule, tandis qu'au-dessus de lui il n'y a rien. Au-dessus, c'est le noir complet. "
                                Christine Montalbetti.
 
 

  
Lu dans:
Christine Montalbetti. La vie est faite de ces toutes petites choses. Récit de la dernière mission d'Atlantis, juillet 2011. P.O.L. 2016. 336 pages. Extrait pp 152

22 mai 2019

L'émotion créatrice


"Ici     sur le bord de ce que nous savons
au contact avec l'océan de tout ce que nous ne savons pas
brillent     le mystère du monde
                            la beauté du monde
Une beauté à couper le souffle."
                     Carlo Rovelli

Un récent dossier de La Libre révèle ce que pourrait être l'ordinateur quantique demain. Plus rien à voir avec les puces de silice qui émerveillèrent nos vingt dernières années: on nage dans un monde mi-réel, mi-imaginé ne sachant ce qu'il faut admirer le plus de l’œuvre ou de son créateur. La beauté de ce que des scientifiques, êtres humains comme nous, imaginent dans leur cerveau me remplit d'une émotion similaire à l'admiration éprouvée devant un grandiose paysage de nature . Peut-être même davantage, tant est fragile ce qui se crée dans le cerveau d'un homme comparé à l'éternité des montagnes et des mers. 



 Lu dans:
Carlo Rovelli. Sept brèves leçons de physique. Odile Jacob. 2015. 96 pages

21 mai 2019

La légèreté de l'être


"La gravité est cause que nous tombons, ou que se brisent, hélas, des objets auxquels nous tenons. Mais elle retient avec bonheur nos semelles à la croûte terrestre, et organise gentiment le monde autour de nous. Là-haut, une fois gagnée l'impesanteur, les choses en vont bien autrement."
Christine Montalbetti


La pesanteur, fidèle alliée dans notre expérience au monde? Imaginez un repas spaghetti dans l'espace, ou une simple douche. Entre l'infinie légèreté qui nous émerveille et une forme de gravité, cette dernière possède bien des atouts.

 
Lu dans:
Christine Montalbetti. La vie est faite de ces toutes petites choses. Récit de la dernière mission d'Atlantis, juillet 2011. P.O.L. 2016. 336 pages. Extrait: 4ème de couverture

20 mai 2019

Les pointillés


"[La coupole de la Station Spatiale Internationale est] un endroit privilégié pour regarder la planète dont on vient, pleine et ronde,  émouvante par la minceur de la couche d'atmosphère qui nous enveloppe et la sensation de fragilité qui s'en dégage. (..) Comme d'autres avant lui, Fergie s'extasie de ce qu'on voie défiler les océans et les continents, comme enfant sur les mappemondes qu'on faisait tourner du doigt, mais sans frontières apparentes. Qu'il n'y ait plus ces pointillés qui signifiaient leur tracé est une chose qui peut laisser rêveur."
                    Christine Montalbetti

 
Ah ces pointillés sur nos globes! Ferait-on tout pour les effacer, ils réapparaissent aussi vite que ce soit à l'Eurovision, au Reine Elisabeth, à la Champions League, aux élections européennes, ou dans nos rues. La compétition renforce le sentiment d'appartenance, et dans ce cadre même la défaite est rassurante. En mai 68, gagné par la contestation, le festival de Cannes ne remettra aucun prix. Édition sans lendemain, en 69 tout rentrait dans l'ordre. La Terre vue de la Coupole et la Terre vue de la Terre n'offrent pas nécessairement la même image. 
 

 
Lu dans:
Christine Montalbetti. La vie est faite de ces toutes petites choses. Récit de la dernière mission d'Atlantis, juillet 2011. P.O.L. 2016. 336 pages. Extrait pp 151

16 mai 2019

Danser


"Et vera incessu patuit dea".
"Sa démarche révèle la déesse"
                                  Virgile


Isabelle danse. Son cerceau est pour l'heure son seul partenaire et les arbres du jardin lui tiennent lieu de  public. Sa tignasse rousse tournoie avec fureur, embrasant les regards des adultes qui lui envient son appétit de vie. Ses premiers pas furent des envolées, ses premières chutes des pointes trop tôt esquissées. Ses mains et ses pieds se sont emparés de la musique sans aucune réserve: elle fera de son passage sur terre une superbe chorégraphie.

Je sonne. Un temps de patience me permet d'imaginer la démarche qui fut ondoyante. Si la jambe droite traîne un peu, coxarthrose oblige, les yeux dansent encore. Elle a eu mal au dos ce matin au lever, se demande s'il n'existe rien pour effacer l'âge. Le soleil qui enflammait sa chevelure a laissé la place à une luminosité neigeuse qui ondoie au rythme de sa démarche. Quelques notes de musique s'échappent de la pièce voisine, fugitif moment de grâce pour une tournée médicale devenue un instant buissonnière. Elle s'enquiert de ce qu'elle me doit ;  j'hésite à monnayer cet échange qui m'a apporté sans doute plus que ce que j'ai pu donner. Le Temps n'efface guère la beauté .

 


15 mai 2019

Le bonheur nomade


"Car, celui-là, que vous voyez là et qui est mon patron, et qui n'a pas de champs, celui-là, mes braves gens, moissonne sans avoir besoin ni de soleil, ni de faux. Mais, vous savez ce qu'il moissonne et avec quoi il fait son pain? Il fait son pain avec son bonheur. Il n'a jamais été aussi heureux que depuis qu'il a son grand troupeau dans sa grande herbe..." 
                        Jean Giono
 
 
Faire son pain avec son bonheur? Il est mille sorte de pains. Il aimait les belles voitures, et aimait les conduire. La retraite venue, on le poussa à acquérir une petite cylindrée. Il acheta une Citroën CX Prestige gris métallisé à toit ouvrant avec laquelle il bat la campagne jour après jour. Chaque matin, il se fait chien rapporteur des bagages qui se sont trompés d'avion, les rapportant à leur propriétaire dans les contrées les plus diverses. Chaque aube s'ouvre sur un voyage improvisé, pour lequel il est rémunéré au kilomètre: plus il roule, plus il gagne, une véritable martingale gagnante. Les paysages qui défilent sont ses plus beaux films, les musiques qu'il écoute ses plus beaux concerts. Il a convaincu sa femme de l'accompagner, et chaque midi les meilleures auberges se font accueillantes. C'est en quelque sorte mieux que des vacances, car elles n'ont pas de fin. Le bonheur est nomade et la retraite son royaume.


 
Lu dans:
Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset 1935. Le Livre de Poche 493-494. 504 p.

Soleil


"A vrai dire, il m'a toujours semblé que la météorologie climatique induisait en nous, selon les variations de l'atmosphère, une météorologie plus subtile : celle de nos états d'âme. La joie ou la gaieté, la tristesse ou la mélancolie, l'impatience, l'humeur vagabonde ou la paresse de certains jours paraissent bien en effet (du moins en majeure partie) être reliées au temps qu'il fait."
                                Denis Grozdanovitch. 
 
Ce mercredi le soleil brillera de milles feux dans un ciel limpide. Coté températures, la fraicheur sera encore de mise en matinée avant de profiter d'une après-midi pleinement printanière (Météo du 15 mai à à  7h30). Sus aux pensées ombrageuses. 

 
Lu dans:
Denis Grozdanovitch. Petit éloge du temps comme il va. Gallimard 2014. Folio 5820. 132 pages. 

14 mai 2019

Dans la tête de Guillaume


"Quand je les rencontre pour la première fois, c'est toujours la même image que je cherche, celle de l'Avant. Derrière leur regard flou, leurs gestes incertains, leur silhouette courbée ou pliée en deux, comme on tenterait de deviner sous un dessin au vilain feutre une esquisse originelle, je cherche le jeune homme ou la jeune femme qu'ils ont été. Je les observe et je me dis : elle aussi, lui aussi a aimé, crié, joui, plongé, couru à en perdre haleine, monté des escaliers quatre à quatre, dansé toute la nuit. Elle aussi, lui aussi a pris des trains, des métros, marché dans la campagne, la montagne, bu du vin, fait la grasse matinée, discuté à bâtons rompus. Cela m'émeut, de penser à ça. Je ne peux pas m'empêcher de traquer cette image, de tenter de la ressusciter. "
                            Delphine de Vigan


La vision séquentielle décrite par Delphine de Vigan interpelle. Existe-t-il vraiment un avant et un après, et où commence le passage?  La vie tourne-t-elle des pages ou est-elle écoulement continu d'une source sans cesse renouvelée. Une vision extérieure (celle de l'orthophoniste des Gratitudes) sur les patients âgés les imagine tels ils étaient avant leur placement en maison de repos. Mais le patient, lui, dans  sa tête à lui, aime, danse, apprécie le bon vin, discute à bâtons rompus , émet des opinions, des joies et des peines de gosse sans qu'on ait à le ressusciter tel qu'il était avant. Il n'y a qu'un seul Guillaume dans la tête de Guillaume, et pas une succession de Guillaumes. La perte liée à l'âge est aussi progressive que fluide, même si de jour en jour on marche un peu moins loin, un peu moins vite, un peu moins haut, mais quelle importance?  Et qui dit qu'un jour imaginer qu'on marche, qu'on danse, qu'on chante, pourquoi pas qu'on vole, ne procure pas le même plaisir que s'avancer pour de vrai au soleil ou dans le vent?  On marche à voix basse en quelque sorte, et ce chuchotis possède peut-être des saveurs insoupçonnées.  La vie comme un long fondu-enchaîné plutôt que la dureté de l'avant et de l'après, des césures et des marches qu'on descend.
 

 
Lu dans :
Delphine de Vigan. Les gratitudes. JC Lattès. 2019. 192 pages. Extrait page 41.

13 mai 2019

Éperdu


"Dans le regard que lève sur toi ce chien perdu que tu viens de recueillir, cette peur qui commence à se rassurer, cet indécis commencement de bonheur, cette interrogation: « Est-ce bien vrai ? », toute l'angoisse et tout l'espoir de l'univers dans leur expression pure et totale."                     Thierry Maulnier


Les humains aussi ont parfois ce visage, ce regard dont on dit qu'il est "éperdu". Il nous inquiète, tant la peur de décevoir leur attente est grande. 



Lu dans:
Thierry Maulnier. Le dieu masqué 1980-1984. Essai. Gallimard. NRF.1985. 340 p. Extrait. p. 306.

10 mai 2019

Sagesse de Montaigne


"Rien n’imprime si vivement quelque chose à notre souvenance que le désir de l’oublier."
                                Michel de Montaigne
 



Lu dans:
Michel de Montaigne. Essais. Livre II. Chapitre XII 

09 mai 2019

Elève côté pile, élève côté face


 "J'ai beaucoup appris de mes maîtres
davantage de mes compagnons
et plus encore de mes élèves."
                Rabbi Yehouda

Invité hier à la séance de présentation des projets d'année du cours "Médecine, culture et création" de mon ancien centre facultaire, je suis sorti ébahi par la qualité et la créativité des travaux présentés. Écoutant aujourd'hui le récit de deux patients, enseignants, l'un en Flandre, l'autre à Bruxelles, cassés par la violence scolaire et le manque de respect de certains élèves, je suis sorti tout aussi ébahi par ce qui se passe dans certaines de nos écoles. Les paroles de sagesse ne résistent guère à certains éclairages.
 

L'atelier de chant


"Et les vieux, comme ils n'ont plus que ça à faire, ils racontent le passé comme personne. Pas la peine de chercher dans les livres ni les films: comme personne. Ce jour-là, j'ai compris que les anciens, il suffit de les toucher, de leur prendre la main pour qu'ils racontent. Comme quand on creuse un trou dans le sable sec au bord de la mer, l'eau remonte systématiquement sous les doigts. " 
                        Valérie Perrin                                 


Il approche des cent ans, et travaillait dans un atelier de confection de pièces mécaniques. Tout ce dont il se souvient, à part la fatigue de la fin de journée, c'est qu'il chantait au travail, et ses camarades aussi "quand vous voyez la Lisette / vous en perdez la raison / mais vous perdez aussi la tête / dès que vous voyez Lison". C'était à 500 mètres de notre maison, l'atelier est devenu un centre culturel. Pensif, je contemple cette rue et sa placette abritant deux coiffeurs, un fleuriste, une boulangerie normande et notre garagiste. Comme l'atelier à chansons, nous passerons et ces rues poursuivront leur vie. Nos enfants raconteront qu'à l'époque, ils roulaient à vélo sur les trottoirs, que les chiens y posaient la crotte, et qu'on laissait la porte entrouverte quand on allait acheter le croissant. Et leurs propres enfants les croiront à peine.


 
Lu dans :
Valérie Perrin. Les oubliés du dimanche. Le Livre de Poche. 2017. 416 pages. Extrait p.17 et 18

07 mai 2019

A nouveau la vie


Peut-être     probablement     mais tout de même
en attendant     même s'il est sans doute précaire d'exister
il y a des instants     (ce matin)     où le temps passe avec douceur 
                Claude Roy . Porquerolles. Mercredi 7 juin 1989

 

Il connut le fond du trou, et la nuit à laquelle succède la nuit. Aujourd'hui une paix retrouvée, une réconciliation avec le quotidien, la retrouvaille du bitume sous les roues du vélo. Que c'est bon ce temps qui à nouveau passe avec douceur.

 
Lu dans :
Claude Roy. Le Noir de l'Aube. Gallimard. NRF. 1990. Extraits p. 144

Eternité


 "Lis et réfléchis, car tu auras des siècles pour ne pas le faire."
                Ràmon Gómez de la Serna



Lu dans:
Seins de Ràmon Gómez de la Serna. Seins. Editeur : Cent pages. 2005. 146 pages

06 mai 2019

Le chant de la poulie


"Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. Je fus surpris de comprendre soudain ce mystérieux rayonnement du sable. Lorsque j’étais petit garçon j’habitais une maison ancienne, et la légende racontait qu’un trésor y était enfoui. Bien sûr, jamais personne n’a su le découvrir, ni peut-être même ne l’a cherché. Mais il enchantait toute cette maison."
                A de Saint Saint-Exupéry. Le Petit Prince (1943)



Il a vieilli, et il a subi. Son cœur est aussi sec que son visage. Je lui souhaite un bon anniversaire, c'est aujourd'hui, on l'aurait presque oublié et ç'aurait été dommage car soudain  il sourit. Il n'est de mécréant qui ne cache un puits asséché au fond de lui, qu'un rien réalimente en eau fraîche, un trésor enfoui. Savoir qu'il existe enchante la relation humaine.





Lu dans: 
A de Saint Saint-Exupéry. Le Petit Prince  Édition Ebooks libres et gratuits. Extrait p. 88

04 mai 2019

Le regard qui donne vie


"Et ce regard de brume bleue
que tu portes
sur toute chose avec amour
pollinise le monde."
        Gilles Baudry

 
Importance du regard qui précède toute création, comme le suggérait Marguerite Yourcenar pour le sculpteur qui anticipe le cheval dans le bloc de pierre qu'il va tailler.  L’œuvre existe déjà dans le regard qui sculpte la matière et lui donne vie.




Lu dans :
Un silence de verdure de Gilles Baudry. Ed L'enfance des arbres. Coll. Poésie. 2017.

03 mai 2019

Comme si on se promenait


« C’est comme si on se promenait et à la fin du mois, on touche un salaire. »
                Sagesse de tramwayman


Le tram, on aime. Laurence Meert et Mesut Tasarcan participent ce samedi au championnat européen du meilleur tramway(wo)man .  Métier étrange et méconnu. "Trois allers-retours sur une ligne par jour, ce pourrait être ennuyeux, mais le temps passe vite. Sur la ligne 39-44 entre Montgomery et Tervuren se voient des choses magnifiques, des lapins, des cerfs, des renards. La ville change, les lignes aussi et de nouvelles motrices arrivent comme on étrenne un nouveau jouet. C’est comme si on se promenait et à la fin du mois, on touche un   salaire." On se souhaite de partir travailler dans cet état d'esprit. 



Lu dans:
Sophie Mignon. Bruxelles: quand les conducteurs de tram partent à la conquête de la Coupe d’Europe. Le Soir 2.5.19.

01 mai 2019

Sagesse des bancs publics


"Quand on voit dans quel état les pigeons nous mettent, on bénit le ciel qu'il n'ait pas donné des ailes aux vaches."
                    Graffiti sur un banc public
 

Je tente d'imaginer le facétieux qui commenta l'état du banc sur lequel il trouva le repos. Il ne doit pas être triste à fréquenter.
 

Sagesse du muguet


"Sous la mousse du rocher
tu crois te cacher
en vain
malgré toi         petit muguet
ton parfum dit ton secret."
    adapté de Hippolyte-Louis Guérin de Litteau (1797-1861)
 
Que de muguets offerts depuis l'écriture de ces lignes. On parlait mignon en ces temps-là, on le dit autrement aujourd'hui .  Le brin de muguet n'a guère changé.