20 décembre 2018

Quand la fiction devient information


« J’avais peur de l’échec. Plus mon succès grandissait, plus cette peur de l’échec augmentait »
                        Claas Relotius, grand reporter au Der Spiegel

Cela commence comme un conte de fées. Récompensé par les prix médiatiques les plus prestigieux, dont le « Journalist of the year » de CNN en 2014, inscrit par Forbes sur la liste des 30 personnalités médiatiques les plus influentes d’Europe, Claas Relotius, grand reporter au prestigieux magazine Der Spiegel recevait le 3 décembre dernier le prix du meilleur papier de l’année pour un reportage en Syrie. Les jurés avaient notamment souligné la qualité des sources pour son travail journalistique. "En réalité, tout était faux. Les citations, les lieux, les scènes, les gens étaient inventés. Certains de ses reportages étaient parfaits, bien recherchés. Mais d’autres étaient entièrement inventés», a reconnu le magazine Der Spiegel ce mercredi.

Nul ne peut se réjouir d'une duperie, a fortiori quand elle touche ceux qui ont pour mission de nous informer. La proximité entre le meilleur et le pire, l'attrait du vide quand on atteint les plus hauts sommets, l'angoisse que cela ne dure nous interpellent pourtant. Nos failles s'accroissent avec la grandeur du projet qui les porte, et la faillite de ce grand reporter rappelle à bien des égards les récents suicides inexpliqués de chefs de cuisine prestigieux et étoilés au sommet de leur gloire. Que le Capitole ne soit guère éloigné de  la Roche tarpéienne ne vaut pas que pour les hommes politiques mais nous concerne tous.

  
Lu dans:
Christophe Bourdoiseau. Le grand reporter du Spiegel était un imposteur. Le Soir du 20 décembre 2018.

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