06 décembre 2022

Bilan d'un ambassadeur

  "Mais quoi, je n’étais pas malheureux d’en finir. Sur quel bilan allais-je quitter mon poste ? En fait, il n’y avait pas de bilan. Dans mon métier d’universitaire, un livre qu’on écrit, un cours que l’on donne, ont un début et une fin. Au bout d’une année, ou d’une carrière, on peut juger de ce qu’on a fait, de ce qu’on aurait pu faire mieux, éventuellement de ce qui reste à accomplir. Une vie d’ambassadeur est un recommencement sans fin. On est en droit de considérer ce Sisyphe-là heureux, comme le suggérait Camus. Je ne pense pas que cela fût mon cas. N’exagérons pas cependant. Ce que l’on laisse derrière soi comme ce qu’on emporte avec soi, ce sont des souvenirs. Ce n’est pas rien. On emporte aussi une somme d’expériences. Et un carnet d’adresses." 

                                Elie Barnavi

 


Imaginerait-on qu'un ambassadeur d'Israël à Paris, poste parmi les plus prestigieux, jette un regard aussi distancié sur une fonction qu'on imagine palpitante et décisionnelle? Ce recul aide à relativiser les questionnements de beaucoup sur la signification de leur activité professionnelle, surtout vers la fin.


 

Lu dans :
Elie Barnavi. Confessions d'un bon à rien: Mémoires. Grasset. 2022. 512 pages

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