"Le pire n'est pas toujours certain. " No siempre lo peor es cierto
Pedro Calderon de la Barca (1600-1681)
Merveilleuse phrase viatique pour tracer une perspective quand
l'horizon se couvre. Annoncer le pire provoque le pire par le
découragement et la démobilisation que cela entraîne. Les oracles
annonçaient l'enlisement pour Londres au début du XXème siècle: la
multiplication des calèches allait inonder les artères de la ville de
crottin de cheval, rendant toute circulation impossible et multipliant
les épidémies. Les interdictions proposées ne durent jamais être
appliquées... en raison de l'arrivée de l'automobile. Cette semaine, des
prévisionnistes escomptent que l'espèce humaine pourrait totalement
disparaître en 2050. Péché d'orgueil? Voir s'éteindre la vie cellulaire
apparue sur Terre il y a 2 milliards d'années au moment même où s'achève
sa propre existence n'est pas le propre d'un modeste. La médecine m'a
appris la prudence lors de l'annonce de l'inéluctable: au colin-maillard
de l'existence, les choses se passent rarement comme prévu. Le soigné
survit au soignant, le condamné meurt dans un accident de roulage,
l'aïeul enterre ses enfants. Heureuse incertitude qui laisse une chance à
l'espoir.
Lu dans :
Amin Maalouf. Le naufrage des civilisations. Grasset. 2019. 332 pages. Extrait p.325
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