"Il y a quelques semaines un chauffeur de taxi, entre deux âges,
a commencé à me parler en anglais. Son anglais était très bon.
Je lui ai demandé s'il était déjà allé en Amérique.
Sans un mot, de manière poignante, il a fait
un mouvement de la main qui ne conduisait pas
dans les rues
de Tokyo
vers son visage qui soudain a paru très triste.
Ce geste signifiait qu'il était pauvre
et ne pourrait jamais se payer le voyage en Amérique.
On n'a pas beaucoup parlé après ça. "
R. Brautigan. Tokyo . 11 juin 1976
J'ai ressenti à deux ou trois reprises la même gêne, l'imperceptible
distance qui se crée avec des amis africains lorsqu'on les invite à
découvrir l'Europe. L'argent ne suffit plus pour obtenir un visa, ni la
bonne mine: un migrant supposé se cache dans chaque habitant du Sud, et
touriste africain est devenu un oxymore. La pauvreté a pris du relief et
ne se limite plus à la seule absence de moyens.
Lu dans:
Richard Brautigan. Il pleut en amour. 1997. Journal japonais. 2003. Le Castor astral. Collections Points 2003. 400 pages. Extrait p.321
Richard Brautigan. Il pleut en amour. 1997. Journal japonais. 2003. Le Castor astral. Collections Points 2003. 400 pages. Extrait p.321
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