"Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entre-tuent, mais que les coupables agonisent dans un coin du jour qui se lève ? " Et un autre personnage de lui répondre : " Cela a un très beau nom. Cela s'appelle l'aurore. "
Jean Giraudoux. Electre (1937).
Ce saccage, ces villes qui brûlent, cette nature qu'on maltraite, c'est un peu le paysage de désolation qui s'offre à nous. Et si c'était la bonne occasion? L'aurore, un joli nom pour un nouveau départ. Dans l'Electre de Giraudoux (1937), revisitant les tragédies antiques de Sophocle, d'Eschyle, et d'Euripide où tout est écrit dès la première page - on n'échappe guère à la malédiction des dieux -, tout reste à imaginer quand le rideau se lève et rien au contraire n'est écrit d'avance. Et Électre, elle, «ne fait rien, ne dit rien. Mais elle est là ». La réalité de la guerre n'allait hélas pas contredire la vision de l'auteur. Quelle suite donner à l’œuvre antique un siècle plus tard? Une de mes petites-filles se nomme Aurore. C'est un joli prénom pour réécrire le monde qui s'ouvre à elle.
Lu dans:
Jean Giraudoux. Électre. Théâtre en deux actes. Représentée pour la première fois le 13 mai 1937 au théâtre de l'Athénée dans une mise en scène de Louis Jouvet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire