"Il était quatre heures et quart
Et l´on tournait les pages
Et puis tout s´effaçait
Comme s´il y avait un peu de craie
Dans l´encrier."
Cathérine Lara. La craie dans l'encrier (1974).
22 heures au clocher de la collégiale proche, passée cette limite,
le silence d'une nuit s'installe. Dernier jour de juin, avant la
longue césure des vacances. Dernières étreintes, promesses de se
revoir, et merci pour tout, chaque année scolaire dont on ferme la
porte a un parfum de nostalgie. Pour les enseignants qui plient
leur tablier, une page blanche s'ouvre, and so what. Quoi qu'on
dise c'était tout de même beau les rentrées, l'odeur des livres
neufs, la peinture fraîche et les marrons. On répartissait entre
les bancs du fond et ceux proches de l'estrade les Nobel et les
cancres, mais dix ans plus tard dans le métro De Brouckère ce
sont les vieux cancres qui vous font la fête. Un de mes frères
dépose la craie demain, un beau-frère itou, c'est drôle car dans
ma tête c'étaient encore "les petits". Une somme d'images me
reviennent et disparaissent aussitôt, comme s'il y avait un peu de
craie dans l'encrier. Le 30 juin est une porte qui bat au vent et
ne se referme jamais tout-à-fait.