"Le soleil brillait, vif et plein. Comme je m'en retournais, je remarquai comme j'avais vu l'ombre de l'autre guerre derrière la guerre actuelle. Elle ne m'a plus quitté depuis lors, cette ombre de la guerre, elle a voilé de deuil chacune de mes pensées, de jour et de nuit; peut-être sa sombre silhouette apparaît-elle aussi dans bien des pages de ce livre. Mais toute ombre, en dernier lieu, est pourtant aussi fille de la lumière et seul celui qui a connu la clarté et les ténèbres, la guerre et la paix, la grandeur et la décadence a vraiment vécu."
Stéphane Zweig
Dernier paragraphe d'une longue autobiographie. Peu de temps après,
Stéphane Zweig se donnait la mort en exil, empreint d'un profond
sentiment d'échec, exilé de sa patrie car Juif et du monde libre car
citoyen de cette Autriche rattachée au Reich allemand. Peu de temps
avant, toute son œuvre a été interdite et brûlée dans les autodafés du
national-socialisme. Étrange retour de l'Histoire, rares sont les
auteurs autant lus et traduits aujourd'hui. Toute ombre, en dernier
lieu, est fille de la lumière.
Lu dans:
Stéfan Zweig. Le monde d'hier. Traduction Serge Niémetz. Souvenir d'un Européen. Belfond 1942. Le Livre de Poche 14040. 511 pages. Extrait p.506
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire