01 novembre 2015

Sagesses de l'au-delà


Une vie sans fin serait inhumaine. Déjà dans la Grèce ancienne la perfection coïncide avec la finitude: ce qui n'a pas de fin est incomplet. Une vie acquiert tout son sens à son terme, quand le cercle se ferme, "nul ne pouvant juger du bonheur ou du malheur d'un homme avant sa mort" (Sophocle,  Trachiniennes)
            Emilio Mordini

L'éternité c'est long vers la fin, s'amusait Woody Allen. S'était-il inspiré du mythe grec d'Eos, déesse de l'Aurore, qui demanda à Zeus de conférer l'immortalité à son époux Tithon ce à quoi il consentit. Mais elle oublia de demander en même temps la jeunesse éternelle. Tithon devint de jour en jour plus vieux, plus grisonnant et plus ridé; sa voix se fit chevrotante et Éos, fatiguée de s'occuper de lui comme un enfant, l'enferma dans sa chambre à coucher où il devint une cigale.  Toute ressemblance avec une situation vécue ou actuelle est bien sûr fortuite, même si notre médecine se veut quelquefois l'égale de Zeus. Ses bénéficiaires, repus de jours, entonneraient volontiers l'antique complainte: 
  
"Relâchez-moi donc et rendez-moi à la terre
que je retrouve ma beauté matin après matin
que j'oublie ces jours vides
accroché pour toujours aux ailes d'un rayon d'argent." (Sophocle)

Je vous souhaite une belle fête de Toussaint, lumineuse comme l'est le souvenir de certains de nos proches disparus.
CV

Lu dans:
Sophocle. Trachiniennes, 1, trad. Par R. Torrance. Houghton Mifflin, 1966).
Emilio Mordini. Tithonus and Eos. Hektoen International Journal  Fall 2015 nov. 2015

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