"Je regarde la petite cour d'école, bien carrée, bien goudronnée, avec sa lumière plombée sur le préau et les quatre tilleuls muets. Quel essaim de mondes d'enfants disparus volette dans cette cour."
Jean-Pierre Amette
Par-dessus les murs de l'école communale, des rires d'enfants, le
tintement d'une cloche, les rangs se forment. On est à quelques
centaines de mètres du Molenbeekistan dont se repaissent les Unes du
monde après les attentats de Paris, et j'imagine les grands gosses qui
se sont fait sauter vendredi jouant sous les mêmes tilleuls les mêmes
jeux, avec les mêmes rires. A midi les mères les attendront à la porte
de l'école pour qu'ils ne leur arrive rien de fâcheux sur la route du
retour. Il règne dans ce quartier populaire et coloré où je suis né un
calme étrange, à mille lieues des représentations qui en sont faites.
C'est Henri Laborit je crois qui dans son Eloge de la fuite listait ce
qui s'offrait à l'infortuné marin confronté à la tornade: rentrer au
port, fuir au large ou se réfugier dans l’œil du cyclone. Une fraction
de temps je m'imaginai être ce marin blotti, méditant sur les sources de
la violence et les improbables rencontres qui la nourrissent.
Étrangement, je n'en aimai mon quartier d'enfance et ses contrastes que
davantage.
Lu dans:
Jean-Pierre Amette. Journal météorologique. Ed des Equateurs. 2009. 155 pages. Extrait p.99,100
Henri Laborit. Eloge de la fuite. Robert Laffont. 1976.
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